Var-Matin (Grand Toulon)

Maïwenn face à ses origines

- CÉDRIC COPPOLA

ADN

De Maïwenn (France). Avec Maïwenn, Fanny Ardant, Louis Garrel... Durée :  h . Genre : drame. Notre avis : ★★★★

L’histoire

Mère divorcée de trois enfants, Neige (Maïwenn) rend régulièrem­ent visite à Émir (Omar Marwan), son grand-père algérien qui vit désormais en maison de retraite. Elle admire ce pilier de la famille, qui l’a élevée et protégée de la toxicité de ses parents. Les rapports entre les nombreux membres de la famille sont compliqués et les tensions sont ravivées lors de la mort du grand-père. Dès lors, Neige va vouloir comprendre et connaître son ADN…

Notre avis

Depuis son premier long-métrage, Pardonnez-moi, Maïwenn aime flouter la frontière entre la fiction et sa propre vie… Au fil du temps, elle s’est aussi imposée comme une des réalisatri­ces phares du cinéma français en présentant par exemple Polisse et Mon Roi au Festival de Cannes. Sans surprise, ADN a reçu le label 2020 et il y a fort à parier, au vu de la pertinence de la réflexion sur la mémoire et l’identité, qu’il aurait figuré au palmarès. Tout en posant des questions existentie­lles mais aussi universell­es : qui sommes-nous vraiment et comment le savoir ? L’artiste revient donc sur ses origines algérienne­s et cherche à savoir à quel point elle peut les revendique­r et ce que cela implique dans son quotidien. Loin de s’arrêter là, elle propose un film choral et montre l’implosion d’une famille lors de la mort du grand-père, qui avait fait la guerre (le sien avait combattu aux côtés du FLN) avant d’immigrer. Un socle qui s’écroule, une mémoire qui s’en va…

Cette disparitio­n ne va pas être sans conséquenc­e, avec des rancoeurs qui vont se raviver jusqu’à laisser des traces, parfois indélébile­s. Fidèle à sa réalisatio­n au cordeau, intense et nerveuse, l’actrice/réalisatri­ce nous fait ressentir viscéralem­ent à quel point l’Histoire fait sens et influe sur chacun d’entre nous. Elle s’entoure également d’une formidable troupe de comédiens : Fanny Ardant joue sa mère «qui lui fait peur », Alain Françon un père en marge qui avoue avoir voté Le Pen aux dernières élections, Marine Vacth en soeur fuyante et Louis Garrel en ami compatissa­nt, dont chaque apparition, très drôle, apporte de la légèreté. La qualité de l’interpréta­tion, sans faille rattrape quelques stéréotype­s, certains personnage­s étant en effet présents juste à des fins « utiles ». Un menu défaut pour un film au plus près des corps et des coeurs, sur des êtres dans la tourmente et qui prend aux tripes jusqu’au final, éminemment poétique.

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