VICTIMES DE LA BARBARIE
Ce que révèle l’enquête sur le terroriste Les portraits de Simone, Nadine et Vincent
Larmes, émotions et recueillement au lendemain de l’attentat terroriste perpétré à l’intérieur de la basilique Notre-Dame-de-l’Assomption de Nice jeudi matin. Tout au long de la journée, les Azuréens, bouleversés, sont venus nombreux déposer fleurs et bougies au pied des grilles de l’édifice, à la mémoire des trois victimes assassinées par arme blanche. Parmi elles, le sacristain de la basilique, Vincent Loquès, 55 ans, un homme apprécié pour sa gentillesse, mortellement blessé au cou. Les deux autres victimes ont été identifiés hier. Simone Barreto Silva, une Brésilienne de 44 ans, Niçoise depuis de longues années, était parvenue à s’enfuir après avoir été poignardée à plusieurs reprises. Elle a succombé à ses blessures dans le snack où elle avait trouvé refuge. Une autre paroissienne, Nadine Devillers, 60 ans, originaire du Var, a été
égorgée près du bénitier, « dans ce qu’on pourrait appeler une décapitation », avait indiqué le procureur antiterroriste Jean-François Ricard, jeudi.
Une enquête en Tunisie
Neutralisé par la police municipale quelques minutes après les faits alors qu’il criait « Allah akbar », un Tunisien de 21 ans, inconnu des services de police, est toujours hospitalisé dans un état grave. Il a été blessé par balles lors de son interpellation. Quelques minutes avant le drame, le suspect, arrivé en France il y a quelques jours en provenance de Lampedusa, avait correspondu par message avec sa famille, installée en Tunisie, à Sfax. La Tunisie a ouvert une enquête sur son territoire. Un homme de 47 ans, soupçonné d’avoir fourni à l’assaillant un téléphone, a été interpellé jeudi soir à Nice. Il se trouve toujours en garde à vue. Hier soir, un deuxième individu, âgé de 35 ans, a également été interpellé puis placé en garde à vue. Il est soupçonné, lui aussi, « d’avoir côtoyé l’auteur des faits la veille de l’attaque » selon une source judiciaire.
Écoles et lieux de cultes surveillés
Prise pour cible par trois attentats terroristes en cinq semaines (contre les anciens locaux de Charlie-Hebdo fin septembre, contre le professeur d’histoire, Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine mioctobre et à Nice jeudi), la France est passée en « Urgence - attentat », le plan Vigipirate de niveau le plus élevé. « Le renforcement de la sécurité sera fort ce week-end pour les fêtes religieuses de la Toussaint et à partir de lundi dans les établissements scolaires », a annoncé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, à l’issue d’un Conseil de défense et de sécurité nationale qui s’est tenu, hier, à l’Élysée. L’exécutif a annoncé un renfort de 120 policiers à Nice et de gendarmerie sur l’ensemble du territoire [lire en page
suivante]. La menace est « forte, partout », a rappelé le Quay-d’Orsay à l’adresse des ressortissants français vivant à l’étranger.
« Un Guantanamo à la française » ?
Lors de la venue du président de la République sur les lieux du drame, jeudi, le maire de Nice Christian Estrosi avait demandé « des actes immédiats », appelant à « modifier la
Constitution » si nécessaire
pour lutter « contre l’islamo-fascisme ». Le député Eric Ciotti a plaidé, hier, pour la création d’un « Guantanamo à la française ».