Var-Matin (Grand Toulon)

Les fleuristes en sursis, grogne chez les libraires P 10-11

Les boutiques disposent de quelques jours supplément­aires pour permettre aux Français de fleurir les tombes de leurs proches pour la Toussaint. Mais l’inquiétude est énorme pour l’après

- VÉRONIQUE GEORGES vgeorges@nicematin.fr

Ils sont classés comme commerces non-essentiels mais disposeron­t de quelques jours supplément­aires avant de devoir fermer leurs portes pour au moins 15 jours. Si le reconfinem­ent a débuté hier, les fleuristes pourront, eux, rester ouverts jusqu’à dimanche soir, afin de permettre aux Français de fleurir les tombes de leurs proches pour la Toussaint. Une bonne nouvelle dans un océan de difficulté­s pour la profession très inquiète. Au centre-ville de Fréjus, Maeva Courtens et Alisson Rossi ont repris Bonnet fleurs en novembre 2018. « On va pouvoir en effet assurer les commandes pour la Toussaint et les cérémonies patriotiqu­es, et vendre jusqu’à dimanche les fleurs que nous avons à la boutique, c’est de la fleur du Var, la meilleure qualité » explique la première. Cependant, ce reconfinem­ent est « un coup de massue, et ça fait peur » dit-elle.

Une année catastroph­ique

Elles se préparent à remettre en route leur plan B du printemps dernier. Elles avaient mis en place lors du premier confinemen­t, un service de commande et de livraison de fleurs à domicile pour les occasions, comme les anniversai­res, pour les obsèques, et les commémorat­ions (des 2 et 11 novembre pour cette fois). Mais cela ne va pas arranger la situation de leur jeune entreprise. « C’est une année catastroph­ique, indique Maeva Courtens. On a eu l’aide de 1 500 par mois pendant deux mois, on va refaire une demande. La BPI nous a accordé

(1) un prêt garanti par l’État de 8 000 aussitôt arrivé, aussitôt décaissé, car il fallait payer les fournisseu­rs, les loyers, les crédits ». Heureuseme­nt, les contrats de leurs deux apprenties arrivaient à terme en juillet. Elles n’en ont repris qu’une, Marie Giudici, qui reste à la boutique lorsque les responsabl­es assurent les livraisons. Elles espèrent que la clientèle suivra avec le système de commande et de livraison, leur seule bouée de sauvetage pour l’instant. À Saint-Raphaël, l’ambiance n’est pas plus optimiste. « Oui, c’est ouvert jusqu’à dimanche, on va assurer la Toussaint, les cérémonies, indique Martine Jourdain de l’Atelier floral. Mais on a fait nos achats pour une semaine normale et les fleurs sont arrivées avant-hier. Il faut savoir qu’on commande pour honorer nos contrats extérieurs avec des restaurant­s, des agences, des coiffeurs qu’on livre toutes les semaines. Tous ces gens vont fermer aussi. C’est dramatique Pour tout le monde, pour le petit commerce ».

Il faut que l’État supprime les charges

Comme sa consoeur de Fréjus, elle se fournit dans le Var, d’ailleurs, Nicolas Soto, d’Azur Roses à Hyères, vient justement de la livrer. « On attend d’avoir des éclairciss­ements, est-ce que, par exemple, je pourrai continuer à rouler pour livrer ceux qui vont travailler sur commande » interroge l’horticulte­ur. « On est une entreprise familiale. Je travaille avec mes parents, mon oncle et ma tante, précise-t-il. Cette situation est catastroph­ique. Les fleurs poussent et on va les couper pour les jeter ? On a fait ça durant le premier confinemen­t. On maintient les serres à 14-16 degrés, on a des frais de chauffage… » Le producteur relève néanmoins que « le premier confinemen­t a permis que les fleuristes se recentrent sur la fleur du Var. Là, tout le monde cherche une solution ».

Côté solution justement, Martine Jourdain souhaite pouvoir mettre en place un système de drive ,qui lui avait été refusé au printemps dernier. « Déjà, ils ne nous ont pas laissés faire le 1er mai, c’était le coup de grâce. Et au lieu de reporter les charges, il faut que l’État les supprime, préconise-t-elle. Sinon, on va tous mourir pendant que les grandes surfaces continuent à vendre des fleurs et que là-bas les gens sont nombreux, ne respectent pas forcément les distances comme on peut le faire respecter dans nos boutiques. J’espère cette fois être autorisée à faire un drive où les gens viennent sur rendez-vous chercher leur commande en restant à l’extérieur du magasin. » D’ici dimanche, elle compte encore vendre son stock. Et pour cela, « je fais des prix sur toutes les fleurs du magasin aux clients plutôt que de les jeter. La dernière fois, le dernier jour, j’ai même donné ce qu’il me restait et néanmoins j’ai rempli quatre poubelles de fleurs. C’est un crève-coeur » Elle ajoute que son fils, qui est son employeur, fait les décoration­s de Noël, les vitrines extérieure­s, et craint de perdre aussi sur ce planlà. « Si on perd Noël, on ne s’en remettra pas » assure-t-elle. 1 Banque publique d’investisse­ment.

 ?? (Photos Adeline Lebel) ?? Chez Bonnet fleurs à Fréjus, un système de livraison sera mis en place comme au printemps dernier.
(Photos Adeline Lebel) Chez Bonnet fleurs à Fréjus, un système de livraison sera mis en place comme au printemps dernier.
 ??  ?? À l’Atelier floral, à Saint-Raphaël, Martine Jourdain espère avoir l’autorisati­on de faire un drive.
À l’Atelier floral, à Saint-Raphaël, Martine Jourdain espère avoir l’autorisati­on de faire un drive.

Newspapers in French

Newspapers from France