Var-Matin (Grand Toulon)

CÉLIA MALLECK cmalleck@nicematin.fr Fallait-il soigner cet individu, au risque de perdre une place en réanimatio­n ? »

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« Sentiment étrange et malaise à l’idée que peut-être demain le barbare islamiste de Nice admis en réanimatio­n prenne la place d’un malade du coronaviru­s. » Par ces mots, le député des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, a enflammé les réseaux sociaux, avant-hier. Dans les 294 commentair­es sous son tweet, beaucoup se disent révoltés. Au-delà de ceux qui veulent rétablir la peine de mort, certains se demandent comment un homme qui a assassiné trois personnes a-t-il pu être pris en charge alors que, dans le même temps, la France manque de lits pour les malades de la Covid-19. Jacqueline Rossant-Lumbroso, présidente du conseil de l’Ordre des médecins à Nice répond.

« C’est notre code de déontologi­e »

« Je comprends que ceux qui ne sont pas médecins ne comprennen­t pas. Mais pour nous, la question de le soigner ou pas ne se pose même pas. C’est le fondement de notre code de déontologi­e. Et la loi est très claire : le médecin, au service de l’individu et de la santé publique, exerce sa mission dans le respect de la vie humaine, de la personne et de sa dignité. C’est l’essence même de la loi héritée du serment d’Hippocrate (1). » Et d’ajouter : « Qu’il y ait des discussion­s politiques sur les lits de réanimatio­n, ça ne nous concerne pas. Les médecins ont le devoir de soigner un malade ou de porter assistance à une personne blessée en péril, sans distinctio­n. »

« Sans considérat­ions partisanes »

Elle reprend le Code, qui est « au-dessus de toutes considérat­ions partisanes » : «Ildoit écouter, examiner, conseiller ou soigner avec la même conscience toutes les personnes quelles que soient leur origine, leurs moeurs et leur situation de famille, leur appartenan­ce ou leur non-appartenan­ce à une ethnie, une nation ou une religion déterminée, leur handicap ou leur état de santé, leur réputation ou les sentiments qu’il peut éprouver à leur égard. Il doit leur apporter son concours en toutes circonstan­ces et ne doit jamais se départir d’une attitude correcte et attentive envers la personne examinée (2). » Et de rappeler : « Même en temps de guerre, on ne fait pas de distinctio­n entre les ennemis et les alliés. Tout le monde est soigné au même titre. C’est la règle absolue qui est appliquée de la même façon à l’hôpital public. » Et de cette façon, le terroriste pourra répondre de ses crimes, aussi ignobles soient-ils. 1. Article R.4 127-2 du Code de la santé publique. 2. Article R.4 127-7 du Code de la santé publique.

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(Photo François Vignola) « Pour un médecin, la question ne se pose même pas », rétorque Jacqueline Rossant-Lumbroso, présidente de l’Ordre des médecins.

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