Simone, Nadine, Vincent : l’innocence assassinée
Ils respiraient la gentillesse, la joie, la vie. Le profil du sacristain et des paroissiennes tués par le terroriste, en la basilique Notre-Dame à Nice, dit l’absurdité de ce crime atroce. Portraits et témoignages en forme d’hommage
« Avenante, heureuse, chaleureuse »
Dites à mes enfants que je les aime. » Tels sont les derniers mots prononcés par Simone Barreto-Silva. Cette femme a lutté jusqu’au bout pour survivre, après l’attentat qui a frappé Nice jeudi. En vain. Le ministère des Affaires étrangères brésilien a annoncé, dans la nuit de jeudi à vendredi, que l’une des victimes était une expatriée installée en France depuis trente ans. Elle s’appelait Simone. Elle avait 44 ans. Elle avait trois enfants âgés de 7, 8 et 13 ans. Il est 8 h 54, le jeudi 29 octobre, quand cette Brésilienne s’enfuit en courant de l’église Notre-Dame-del’Assomption, côté rue d’Italie. Elle a été poignardée à plusieurs reprises, quelques instants plus tôt, par le terroriste islamiste qui vient de tuer deux personnes dans la basilique du centre-ville de Nice. Grièvement blessée, elle se réfugie dans le snack grill L’Unik, rue d’Italie. À quelques mètres à peine du théâtre de cette nouvelle attaque terroriste à Nice. C’est là, juste devant le restaurant, que les policiers municipaux vont neutraliser l’assaillant.
Brésilienne installée en France depuis trente ans
« Elle a traversé la rue, toute ensanglantée. Mon frère et un employé, qui l’ont secourue, l’ont mise à l’intérieur du restaurant, sans rien comprendre. Elle a dit qu’il y avait un homme armé à l’intérieur de l’église », raconte le gérant du restaurant à France Info. D’après lui, Simone est décédée 1 h 30 plus tard. « Les secours sont venus auprès de cette dame qui était encore vivante et qui a réussi à parler aux secours. Elle leur a dit précisément : « Dites à mes enfants que je les aime », juste avant de décéder ». Selon plusieurs médias brésiliens, Simone Barreto-Silva est née à Cidade Baixa, dans la banlieue de Salvador de Bahia. Elle était installée en France depuis trente ans et avait acquis la nationalité française.
Danse, carnaval et capoeira
Cuisinière de formation, elle travaillait depuis quelque temps comme aide-soignante auprès des personnes âgées, selon O’Globo. « Elle était pleine de vie », témoigne une de ses amies à un média brésilien. Et elle en profitait sans oublier ses origines. Fan de foot bien sûr (elle pose sur une photo avec la star Ronaldinho), inscrite dans un club de capoeira, Simone était « danseuse au sein de la troupe Brasuca show, dont sa soeur est présidente. Elle intervenait aussi au Carnaval », indique Rebecca qui la connaissait et appréciait sa personnalité solaire. Elle s’impliquait dans de nombreux événements culturels en lien avec le Brésil à Nice. Chaque année, Simone participait ainsi à l’organisation du festival Yemanja, une fête très populaire au Brésil le 2 février. Elle y avait notamment rencontré le maire, Christian Estrosi. Rencontre qu’elle n’avait pas manqué d’immortaliser pour poster le cliché sur sa page Facebook.
La cuisine pour tutoyer les étoiles
Mais le parcours de Simone Barreto-Silva n’a pas échappé aux accidents de la vie. C’est ce qui a conduit cette mère de famille, il y a deux ans, au forum Jorge-François – l’association culturelle et sociale qui oeuvre au sous-sol de l’église Saint-Pierre d’Arène. Pendant un an, elle y a suivi le projet « Des étoiles et des femmes ». Objectif : se former aux métiers de la cuisine dans des maisons étoilées. Et repartir de l’avant. Laurent Delpiano, 39 ans, travaille au forum. Il décrit une femme « très avenanXte. Chaleureuse. Quelqu’un de gentil, ça se voyait. » Le père Gil Florini se souvient de sa personnalité « très extravertie. Une vraie Brésilienne, parlant un français « mâtiné ». Une fille très vigoureuse, vivante, heureuse. Et contente de réussir. C’était beau, ça aussi... » Et toujours, cette foi indéfectible en Dieu.
Dans un communiqué, le président brésilien Jair Bolsonaro, «aunomde toute la nation brésilienne, présente ses plus sincères condoléances à la famille et aux amis de notre citoyenne assassinée à Nice, ainsi qu’à celles des deux autres victimes. Il étend sa solidarité au peuple et au gouvernement français ». Son ministre des Affaires étrangères, Ernesto Araújo, a exprimé sur les réseaux sociaux son « profond chagrin » . Un sentiment partagé par toute la communauté brésilienne de la Côte d’Azur. Et par tous ceux qui ont croisé le sourire de Simone. 1. Son prénom a été modifié à sa demande.