Psy : comment va-t-on gérer ce confinement ?
Difficile de savoir comment la population va vivre ce nouvel épisode. Quoi qu’il en soit, les psychiatres se sont organisés pour assurer la meilleure prise en charge possible des patients
Pour les uns, l’annonce du reconfinement a résonné comme un coup de massue. Pour les autres, cela ne représente qu’un bis repetita : c’est un peu casse-pieds mais ce n’est pas grave. La manière dont cette nouvelle donne résonne en chacun est vraiment très variable. Et pour les professionnels de la santé mentale, difficile d’établir des schémas et des projections sur la façon dont les gens vont vivre les choses. « On manque d’études et de données fiables, commente le Dr Jean-Paul Orth, médecin chef du pôle psychiatrie générale Nord du centre hospitalier Sainte-Marie (Nice). La situation étant totalement inédite, il est difficile d’imaginer l’impact psychologique dans la population générale. De la première vague, on sait que certaines personnes ont développé des syndromes d’anxiété, des troubles du sommeil ou une augmentation des consommations, que ce soit le tabac, l’alcool, ou même la nourriture. »
Hausse des addictions
Des propos étayés notamment par les travaux que mène le Dr Faredj Cherikh, chef du service d’addictologie du CHU de Nice qui avait conclu à une hausse des addictions au printemps. Sachant cela, les individus qui se sentiraient sur le point de basculer ou rebasculer dans des comportements compulsifs doivent avoir le réflexe de se faire aider immédiatement. Les psychiatres, psychologues, et autres spécialistes continuent à assurer des consultations (à distance ou en présentiel selon les cas).
Cette fois-ci, nous allons entrer dans une période de refroidissement, les températures baissent, les journées raccourcissent. Ce n’est pas impossible non plus que cela joue sur le moral. On pourrait presque mettre les choses en perspectives avec les études menées sur le syndrome mental de l’hivernage polaire. Attention toutefois, il s’agit de situation d’isolement extrême vécue par des participants à des missions scientifiques dans des régions polaires donc la comparaison doit être prise avec des pincettes. Mais elle n’est pas inintéressante : «Au début, on constate que ces personnes ont des velléités de s’échapper et manifestent des doutes sur le bien-fondé du confinement. Il y a alors des oppositions et des manifestations d’agressivité », résume le Dr Orth.
En tirer parti
« Ensuite vient une période dépressive : les gens s’enferment, deviennent passifs, indifférents. La privation sensorielle, faute de stimulations, engendre des phénomènes de torpeur et de pensée ralentie. Bien sûr, nous ne sommes pas dans ce type de situation – loin de là – mais on a retrouvé certaines de ces réactions lors du premier confinement. » Le psychiatre constate que les conditions sont aujourd’hui meilleures, les écoles restent ouvertes et davantage de personnes peuvent maintenir leur activité professionnelle. Autre atout : nous avons l’expérience. Psychologiquement, nous sommes moins dans l’inconnu qu’au printemps. Chacun a pu tirer des leçons des derniers mois, s’adapter… et pourquoi pas prendre de bonnes résolutions : mieux manger, faire du sport, etc.