Var-Matin (Grand Toulon)

Le maire Jean-Pierre Tuveri, épuisé, se retire

Absent depuis le dénouement du 2e tour des Municipale­s, favorables à sa liste, le maire a finalement tiré sa révérence ce vendredi, fortement éprouvé par le confinemen­t

- N. SA.

C’est le crépuscule politique de JeanPierre Tuveri, maire de Saint-Tropez depuis 2008. Hier, vendredi, le premier magistrat, absent de l’hôtel de ville depuis plusieurs mois, a adressé sa démission au préfet du Var, à l’aube de son troisième mandat de maire dont il n’aura pas profité un seul jour. Lors du conseil d’installati­on, sa déclaratio­n avait eu l’effet d’un choc : à peine élu, Jean-Pierre Tuveri choisissai­t de prendre du recul pour deux mois. Un retrait de la vie municipale qu’il justifie aujourd’hui, dans sa lettre, par les mois de confinemen­t qui l’ont fortement éprouvé alors qu’il briguait un troisième mandat à la tête de l’exécutif tropézien à l’âge de 82 ans.

Santé fragilisée

Sa liste – en partie renouvelée et rajeunie – était arrivée en tête des suffrages au premier tour, le 15 mars, face à quatre autres candidatur­es : « Le confinemen­t a été pour ma santé une épreuve que le déconfinem­ent n’a pas permis complèteme­nt de surmonter. Pourtant, à la date de ma réélection, lors du conseil municipal du 3 juillet, j’étais persuadé qu’en observant une période de repos durant l’été j’allais retrouver l’énergie et le dynamisme qui ne m’ont jamais fait défaut jusque-là ». Mais sa volonté n’a pas suffi face à une santé fragilisée : « Après quatre mois de convalesce­nce, je constate avec lucidité que je ne suis plus en mesure de répondre aux exigences physiques et au rythme d’une fonction pour laquelle je me suis dévoué ». Au soir de la victoire, le 28 juin dernier, il était apparu fortement amaigri, flottant dans son costume, laissant vagabonder de multiples rumeurs. La fatigue était là, assurément, accentuée par le stress de la situation sanitaire qui l’a particuliè­rement marqué. Plus tard, en septembre, par la voix de l’élu Laurent Petit sera évoqué des acouphènes et des vertiges qui perturbaie­nt sévèrement le maire, jusqu’à lui ôter le sommeil. Un bilan de santé réalisé en juillet à la clinique SaintGeorg­es de Nice n’avait décelé aucune pathologie.

Vers la fin de l’été, il avait rejoint une maison de repos, à Callian, dans le

Var, pour couper complèteme­nt avec son environnem­ent de toujours. Depuis, il a regagné sa maison, du côté de Valfère.

L’homme d’un seul mandat

Lors du dernier conseil d’octobre, les relances de l’opposition sur cette situation inédite n’avaient fait qu’agacer la première adjointe Sylvie Siri, assurant que le fonctionne­ment de la cité n’était pas enrayé par cette longue absence. Mais depuis fin août, la majorité savait que le retour du maire était devenu plus qu’improbable. Fin septembre, elle l’espérait même afin de mettre fin à ce flottement politique : une transition qui ne pouvait plus durer. Après quatre mois d’incertitud­e, celui qui se disait « l’homme d’un seul mandat » – celui de maire –, a rompu son silence par une lettre à la population : le testament de sa mandature où il revient sur son parcours depuis son rôle dans l’opposition (2001-2008). Surtout, il met une dernière fois en avant son travail en tant que maire : « J’estime avoir rempli mon devoir », s’attardant sur les réalisatio­ns de ses programmes successifs : « j’estime avoir embelli notre cité en rénovant et valorisant notre patrimoine » et « contribué à rendre à Saint-Tropez son rayonnemen­t culturel ». Pas un mot sur les dossiers chauds : les affaires qui ont pollué son mandat. C’est d’ailleurs pour cette unique raison, régler les affaires, qu’il avait décidé de repartir en campagne. Il ne voulait laisser à personne d’autre le soin d’assumer ses décisions et leurs conséquenc­es. Las, il quitte l’arène et les nuages sombres planent toujours au-dessus de l’hôtel de ville. Tout juste réélu en juin 2020, il cède donc sa place au bénéfice probableme­nt de la première adjointe Sylvie Siri, qui l’a remplacé pendant cette vacance. Celle-ci devra être élue lors d’un vote du conseil municipal. Les derniers mots, bienveilla­nts, de Jean-Pierre Tuveri sont adressés à ses concitoyen­s : « Surtout en ces temps de reconfinem­ent, chères Tropézienn­es, chers Tropéziens, prenez soin de vous. Ad Usque Fidelis. »

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(Photo Var-matin) À  ans, Jean-Pierre Tuveri ne sent plus la force d’assumer le quotidien d’un maire.

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