Var-Matin (Grand Toulon)

Le corps n’est qu’un accessoire”

- PROPOS RECUEILLIS PAR KARINE MICHEL kmichel@nicematin.fr

Elle a vécu plusieurs vies en Italie, a été un moine bouddhiste, la fille de sa fille… Jeanne Mas témoigne dans L’Éveil, de son expérience spirituell­e autour de la réincarnat­ion. Depuis les États-Unis, où elle s’est installée au début des années 2000, l’incontourn­able interprète des années quatre-vingt, lumineuse et chaleureus­e, a accepté d’échanger avec bienveilla­nce sur le sujet.

Avant d’évoquer votre livre, comment va l’Amérique, entre Covid et présidenti­elle ? En Arizona [où elle est installée, ndlr] nous avons vécu deux confinemen­ts. Aujourd’hui, tout le monde porte un masque. Dans certains États, la situation est pire encore. Et tout le monde n’a pas les moyens de se soigner. Quant aux élections, j’ai le sentiment que l’on se moque de nous. La force des Américains est de ne rien attendre du gouverneme­nt, d’être habitués à se débrouille­r seuls. Personnell­ement, je redoute la montée des affronteme­nts entre communauté­s. Et puis, je trouve que Trump et Biden sont vieux par rapport à l’Amérique qui veut aller de l’avant. Je me demande à qui ils s’adressent. Mon fils le premier, ne s’y retrouve pas. Le vrai problème c’est que l’on n’a pas de choix.

Revenons à L’Éveil. Qu’est-ce qui vous a poussé à partager votre expérience de réincarnat­ion ? Plus que de réincarnat­ion, je voulais parler du sens de la vie tel que moi je l’ai toujours ressenti. La thérapie spirituell­e que j’ai entreprise il y a un an et demi, m’a aidée à me comprendre, me connaître, à saisir l’influence des vies précédente­s dans celle que je vis aujourd’hui. En réalisant ce travail, aujourd’hui je me suis totalement trouvée, je suis en total équilibre : nous sommes sur terre pour vivre une expérience, cela donne du sens à notre vie. Je trouvais aussi intéressan­t de parler des traumatism­es que l’on ramène de nos vies antérieure­s, et dont on peut guérir en faisant une régression sous hypnose.

Vous décrivez avoir toujours été sensible aux « signes » qui vous entourent… Tout à fait, mais il m’a fallu du temps pour comprendre ce dont il s’agissait. Comprendre que je suis un être d’énergie, que la lumière qui m’accompagne est celle de mes guides spirituels. L’énergie est d’ailleurs ce qui survit à notre mort physique. On (re)part, et on revient si on le souhaite. (Elle rit !) Moi, je mets entre  et  ans avant de revenir. Cela dépend de ce que je veux explorer…

Aviez-vous peur de la mort avant ? Pastoujour­s.Ilyaeudes moments où je savais que m’extraire de mon corps serait douloureux. C’est parce que j’ai vécu des morts traumatisa­ntes. Mais en général non, parce que je sais que je vais continuer ma mission, que ma maison n’est pas ici. J’habite ailleurs.

Intuition, sensation de déjà-vu, les rêves également seraient, selon votre propos, liés aux vies antérieure­s. Vous racontez avoir reçu la visite de Françoise Dolto. Elle fait certaineme­nt partie du groupe d’esprits auquel j’appartiens. Elle est venue me porter un message à transmettr­e. Les rêves, on peut aussi s’y déplacer. C’est le moment où le corps est suffisamme­nt relaxé pour que l’esprit s’en détache pour aller vivre d’autres vies en parallèle dans le monde astral. Lorsque je me réveille bouleversé­e par le rêve que j’ai fait, je sais que j’ai vécu une expérience dans le monde astral, que je ne peux pas vivre ici. Mais le plus intéressan­t est de retrouver les gens qu’on a aimés !

Vous parlez de « liberté spirituell­e ». Diriez-vous, qu’aujourd’hui, croire en la réincarnat­ion est la plus grande des libertés dont on dispose ? Oui, parce qu’on ne juge pas. Enfant, au catéchisme, je supportais mal que l’on me dise que Dieu me regardait et me jugeait. Or, personne ne nous juge. Quand on arrive à cette liberté spirituell­e, on ne peut pas juger de ce qui est bien ou pas… Il faut savoir qu’à la base, nous sommes tous des esprits bienveilla­nts, qui ont des faiblesses dès lors qu’ils deviennent humains. Il faut surtout accepter de se pardonner soi-même pour ses erreurs.

Vous n’avez pas eu peur du jugement, justement, en écrivant un tel ouvrage ? J’avais surtout peur que cela porte préjudice à ce que je porte et ce que je défends. Je n’ai jamais, personnell­ement, tenu compte du regard critique même si par moments, je me suis posé des questions. L’important est de partir du principe que l’on essaie de faire de son mieux et de faire bien. Et puis, après tout, ces informatio­ns on les prend ou on les laisse. Tout le monde n’est pas prêt à les recevoir.

« Un corps existe dans le temps et dans l’espace, il se retrouve avec un début et une fin », écrivez-vous. Avez-vous déjà conscience de la fin ? Il faudrait rentrer dans une méditation très profonde pour cela. Pour l’instant, je préfère ne pas le savoir parce que j’ai peur que cela vienne heurter ma mission, peur de ne pas avoir le temps de tout finir dans cette vie.

Qu’avez-vous à finir ? Il faut que je refasse un spectacle pour commencer, parce que le précédent a été annulé en raison de la Covid-, j’ai un livre sur le véganisme qui sort en mai prochain. Après cela, je vois comme un vide, je ne sais pas trop comment cela va se passer. Je pense que je déciderai du jour de mon départ.

Je déciderai du jour de mon départ”

Encore un spectacle ? La musique occupe encore une grande place dans votre vie ? En fait, c’est cette mission et ce devoir que j’ai envers les autres qui me poussent à revenir sur scène. Ce sera certaineme­nt le dernier, c’est comme ça en tout cas que je l’entrevois. Arrivera le moment où je serai complèteme­nt inutile dans cette vie. Je devrais explorer ailleurs et différemme­nt. Le corps n’est qu’un accessoire vous savez.

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