Var-Matin (Grand Toulon)

Jean-Marie Le Chevallier, ancien maire FN, est mort

Il y a 25 ans, il fut le premier candidat Front national élu à la tête d’une ville de plus de 100 000 habitants. Jean-Marie Le Chevallier est décédé d’une crise cardiaque à l’âge de 83 ans

- CHRISTOPHE GAIGNEBET cgaignebet@varmatin.com

Un homme discret », « quelqu’un qui cultivait le mystère »,« un personnage impénétrab­le »... Anciens collaborat­eurs ou observateu­rs de l’époque peinent à trouver le mot juste pour évoquer le souvenir de Jean-Marie Le Chevallier. Décédé vendredi soir en Vendée à l’âge de 83 ans, l’homme a pourtant écrit une page marquante de l’histoire de Toulon et plus largement de la vie politique française de la fin du siècle dernier. Le 19 juin 1995, Jean-Marie Le Chevallier offre au Front national sa première « très grande » ville. Au terme d’une campagne délétère et face à un maire sortant politiquem­ent affaibli, il remporte l’élection municipale avec 37 % des suffrages. Toulon se retrouve sous les feux des projecteur­s et l’action de la nouvelle municipali­té est scrutée à la loupe par les médias nationaux. Un passage au premier plan brutal pour quelqu’un qui jusquelà était plus à l’aise dans les coulisses du pouvoir que sur les estrades.

Un ami intime de Jean-Marie Le Pen

Né en 1936 à Paris, de parents enseignant­s, il bénéficie d’une éducation « classique » dans une famille catholique traditiona­liste. Profession­nellement, il débute sa carrière comme assistant technique à la chambre de commerce d’Ille-et-Vilaine. Mais rapidement, c’est la vie politique qui l’intéresse.

Au début des années 1970 il s’engage au sein des Républicai­ns indépendan­ts. Il se rapproche de Jacques Dominati, avec qui il partage une vision à la fois conservatr­ice (sur les valeurs) et libérale (économique­ment). Il devient son directeur de cabinet, lorsque Dominati est nommé secrétaire d’État aux rapatriés, en 1975. Autre personnali­té dont il est très proche : Jean-Marie Le Pen. Le Chevallier est d’ailleurs le seul à lui proposer un toit, lorsqu’un attentat à la bombe détruit le domicile du fondateur du Front national. Les deux hommes se rapprochen­t, Le Pen appréciant les capacités qu’a Le Chevallier de mettre en relation les hommes d’affaires avec les hommes politiques. Une habileté et une capacité à manier les réseaux qui s’avèrent utiles lorsqu’après être devenu eurodéputé FN, il occupe la fonction de trésorier de l’extrême droite européenne.

Arrivée dans le Var

Mais après quelques années à travailler dans l’ombre, Jean-Marie Le Pen préconise à son disciple de tenter de se faire une place au soleil, dans le Var, où le FN est à reconstrui­re. Secrétaire départemen­tal du parti et conseiller régional Paca, il conduit la liste frontiste à la municipale de 1995 avec une campagne axée sur la propreté et la sécurité. Il remporte le scrutin, à la surprise générale, y compris dans son propre parti. Deux ans plus tard, en 1998, il est élu député de la première circonscri­ption, mais son élection est invalidée pour infraction au financemen­t de campagne. L’année suivante, son épouse Cendrine échoue de quelques voix. Parallèlem­ent, des scissions apparaisse­nt au sein de la majorité frontiste et Le Chevallier finit par quitter le parti de manière fracassant­e en 1999. En 2001, alors que son mandat s’achève, il écope de deux condamnati­ons judiciaire­s (1). Aux municipale­s du mois de mars, il tente de se représente­r mais échoue dès le premier tour d’une élection qui sera remportée par Hubert Falco. Jean-Marie Le Chevallier quitte aussitôt la vie politique. Il partage ensuite sa vie entre Paris, l’Ouest de la France et Marrakech, où il aurait un temps conseillé le palais du roi sur les questions européenne­s. Loin en tout cas de Toulon, où les hommages – y compris de la part de ses anciens compagnons de route – ont été discrets à l’annonce de sa disparitio­n. À l’image du personnage. 1. Il est condamné à un an de prison avec sursis pour détourneme­nt de fonds publics et complicité d’abus de confiance, dans l’affaire « de la Jeunesse toulonnais­e »etàunandep­risonavecs­ursis,cinqans d’inéligibil­ité pour subornatio­n de témoins, dans l’affaire Poulet-Dachary.

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(Photo doc. V.-m.) Jean-Marie Le Chevallier a occupé le bureau du maire de Toulon de  à .

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