Bleus : les regrets sont éternels
Basé à Nice, le tandem Véronique Hours-Fabien Mauduit a façonné son identité et son écriture architecturale en parcourant le monde. Un multiculturalisme qui transparaît dans sa vision.
Lorsqu’ils ont commencé leur carrière professionnelle, Véronique Hours et Fabien Mauduit avaient déjà les idées claires. En créant le collectif A.P.ARTs en 2008, ils affichaient leur volonté de ne pas se cantonner « seulement » à l’architecture. Dans leur sillage, on trouve des paysagistes, des sculpteurs, des photographes, des cinéastes ou encore des ingénieurs. Tout en étant salariés de l’importante agence Mimram, à Paris, ils ont rapidement eu l’envie de prendre la tangente. Histoire de découvrir d’autres horizons... et de s’ouvrir quelques portes. « En France, on rémunère tous ceux qui participent à un concours. C’est une belle mesure de protection, mais il est assez difficile de franchir les premières étapes de sélection. Il est tout de même plus simple de tenter sa chance dans des concours internationaux », expose Fabien Mauduit. En 2013, lui et Véronique Hours, également sa compagne, partent pour six mois en Asie, dont trois au Japon. Au pays du Soleil Levant, avec la complicité de deux Français (l’architecte Manuel Tardits et le photographe Jérémie Souteyrat), ils se lancent dans une étude sur les maisons individuelles. « Dans les publications architecturales, on en voit souvent. Elles sont présentées à travers des clichés spectaculaires, mais vides. Nous, on a cherché à comprendre comment elles étaient habitées, comment on vit dans un espace où il n’y a pas de porte et où les murs font deux centimètres », détaille Fabien Mauduit.
Une expo et un livre boostent leur carrière
Dans un esprit de recherche, se rapprochant parfois de la sociologie, un questionnaire a été soumis aux occupants et à l’architecte à l’origine de leur demeure. Des éléments ayant permis de donner forme à une exposition, Japon, l’archipel de la maison (photo ci-contre), et un livre intitulé de la même manière, aux éditions Le Lézard noir.
Ses auteurs ont pu présenter leurs travaux un peu partout dans le monde (Tokyo, Bruxelles, New York, mais aussi Nice, au Forum d’architecture et d’urbanisme) et donner des conférences sur le sujet. « Cela nous a un peu mis le pied à l’étrier. Ce sont avant tout les bâtiments qui nous rapportent de l’argent. Mais cette dimension théorique nous nourrit spirituellement et nous permet de prendre du recul. Elle nous mène vers nos clients de demain. »
La patte de l’Homme
Après le Japon, Véronique Hours et Fabien Mauduit ont pris la direction du Chili. Basés à Santiago, la capitale, ils ont arpenté tout le pays durant un an et demi afin de réaliser un guide architectural. Là encore, ce fut l’occasion d’enrichir leurs connaissances. « Les Chiliens ont les mêmes grandes références que nous. Mais les matériaux sont moins industrialisés, il y a plus d’aspérités. On ressent clairement la main de l’homme dans les constructions. Les architectes jouent avec cet aspect rustique, avec la noblesse de la platine », indique Fabien Mauduit. Dans les projets et les réalisations à leur actif (des maisons en Corse et à Montréal, la ville natale de Véronique, un immeuble d’habitation au Japon), les architectes installés à Nice, là où Fabien, né à Ajaccio, a grandi, jouent avec tous les codes et les pratiques qu’ils ont pu observer durant leurs voyages. Tout en veillant à ne pas devenir des architectes hors-sol. « On souhaite ancrer notre profession dans les territoires où elle intervient, en construisant de manière durable, avec du sens et en apportant du bien-être. Aprèsguerre, il a fallu bâtir vite, et beaucoup. C’était indispensable, mais on a perdu en qualité sensorielle », estime notre interlocuteur.
‘‘ Cette dimension théorique nous nourrit spirituellement et nous permet de prendre du recul”
‘‘ On souhaite ancrer notre profession dans les territoires où elle intervient”