La grande explication de Macron au monde musulman
Il a estimé qu’il était grand temps de répondre. D’expliquer. Histoire de « lever les malentendus » entre la France et le monde musulman et alors que la colère monte dans de nombreux pays, le président de la République a accordé une longue interview à Al Jazeera. Celle-ci a été diffusée hier à 17 heures sur la chaîne qatarienne qui revendique trente-cinq millions de téléspectateurs, notamment au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. En prenant ainsi la parole, deux jours après l’attentat de Nice et dix jours après l’hommage national à Samuel Paty au cours duquel il avait redit que la France ne renoncerait pas aux caricatures, entraînant une vague de protestation, Emmanuel Macron a estimé indispensable de faire oeuvre de pédagogie. « Beaucoup de choses fausses ont été dites », a déploré le président français, assurant que les musulmans ne faisaient en aucun cas l’objet de « stigmatisation » par la France. « Notre pays n'a de problème avec aucune religion au monde, parce qu’elles s'y exercent toutes librement », a-t-il insisté, dénonçant des « manipulations indignes et inadmissibles » au sujet de ses propos sur les caricatures de Mahomet. On m'a fait dire : "Je soutiens les caricatures humiliant le prophète". Je n'ai jamais dit ça s’est défendu avec force Emmanuel Macron, présenté ces derniers jours comme un «ennemi de Dieu » lors de manifestations. Le Président s’est d’ailleurs attaché à expliquer le principe de laïcité, pas forcément facile à appréhender dans le monde musulman. Une laïcité qui « ne veut pas dire l'effacement des religions. »
Éteindre l’incendie
Alors que les manifestations contre la France et les appels au boycott se sont multipliés ces derniers jours et que notre pays est plus que jamais une cible du djihadisme, Emmanuel Macron veut clairement éteindre l’incendie. Le choix d’une chaîne très regardée par le monde musulman, y compris en France, ne doit rien au hasard. D’autant qu’Al Jazeera est connue pour ses positions parfois hostiles à la France. Une source élyséenne précise d’ailleurs que le chef de l’État ne s’interdit pas de répéter ce type d’exercice dans les prochains jours auprès d’autres médias arabes. « Nous sommes en présence d’une campagne intense contre la France. Ce n’est pas la première fois, mais là, le phénomène est considérablement amplifié par les réseaux sociaux », assure-t-on dans l’entourage du Président auprès de qui l’inquiétude est palpable. C’est pour cela qu’il a été jugé nécessaire de faire passer un message d’apaisement en allant directement au contact du monde musulman au moment où les dirigeants de plusieurs pays, Erdogan en tête, s’escriment à mettre de l’huile sur le feu tandis que d’autres s’illustrent par leur silence assourdissant. « Tous les dirigeants politiques et religieux qui ne condamnent pas avec la plus grande clarté toute forme de violence à l'égard de la France prennent une responsabilité parfois directe, en tout cas indirecte certaine sur les violences qui seraient commises à l'égard des Français en France ou à l'étranger », prévient Emmanuel Macron