Var-Matin (Grand Toulon)

Au Festival de Cannes, un acteur de Haute Voltige!

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

Ce n’est pas en sautant d’un hélicoptèr­e ou sur le toit d’un char d’assaut, mais plus sûrement à bord d’une berline aux vitres teintées que Sean Connery a débarqué pour la première fois sur la Croisette en 1965. Et si l’acteur portait le smoking réglementa­ire pour fouler le tapis rouge, ce n’était pas non plus au nom de James Bond, ni au service de sa gracieuse Majesté. À l’écran, Sir Connery alias Joe Roberts portait plutôt l’uniforme d’un soldat en rébellion contre le chef cruel d’un camp disciplina­ire durant la seconde guerre mondiale, dans La Colline des hommes perdus de Sidney Lumet (prix ex-aequo du scénario).

Élevé à la canne !

À l’époque, son incarnatio­n virile et charmeuse de l’espion anglais contre Dr No en a déjà fait une star internatio­nale, qui confie au journalist­e François Chalais avoir « très mauvais caractère, s’être déjà battu avec quelqu’un qui n’était pas d’accord avec lui, aimer les femmes féminines et estimer que la plus grande qualité de l’homme est de savoir tenir une femme. »

La gent féminine ne lui en a certaineme­nt pas tenu rigueur. En 1999, c’est d’ailleurs aux bras de la splendide Catherine Zeta Jones qu’il revient en séance spéciale à Cannes, dans la peau du parfait gentleman-cambrioleu­r pour Haute Voltige. « Il nous avait raconté une anecdote sur son enfance en Écosse, dans une maison digne de Barbe bleu, avec une pièce qu’il n’avait pas le droit d’ouvrir, se souvient Gilles Jacob, l’ancien président du Festival de

Cannes. Vers 5 ans, il l’a évidemment ouverte, et a trouvé son grand-père, très vieux, yeux clos dans un fauteuil. Lorsque Sean s’en est approché, il a reçu un violent coup de canne sur la tête ! C’est comme ça qu’on devient Sean Connery ! ».

Au journalist­e Bernard Spendler, il avait eu ces mots en 1965 : « Je ne connaissai­s la Côte d’Azur que par Hemingway et Scott Fitzgerald, il me semble qu’elle a bien changé depuis...», avant d’exhiber ses tatouages aux avant-bras pour les beaux yeux de Martin Carol : Dad and Mummy sur l’un, Scotland for ever sur l’autre ! En 2009, le Festival lui rendra encore hommage avec

Traître sur commande (où il joue un mineur saboteur), dans la sélection Ciné classique. Et James Bond alors ?

En 2012, le plus Fleminguie­n des 007 fera le bonheur des festivalie­rs sur sable avec la projection de Bons baisers de Russie, James Bond contre Dr No et Les diamants sont éternels sur l’écran géant du Ciné plage.

Deux 007 pour un !

Cela dit, ce n’est pas à Cannes, mais à Mougins en 1981, au Moulin du chef Roger Vergé, que fut montée la fameuse photo réunissant les deux plus célèbres James Bond, Roger Moore et Sean himself ! Sans permis de tuer, mais avec un cigare

et un verre de cognac pour rigoler, alors que les deux interprète­s s’ignoraient, et s’estimaient sans se fréquenter. La rencontre fut immortalis­ée par le photorepor­ter Philippe Ledru (Sygma), dont le comédien cannois Arsène Jiroyan a racheté le fonds. Elle est actuelleme­nt exposée parmi soixante-dix autres clichés des années 70, à Scène 55 de Mougins, après avoir orné la mairie de Cannes en 2019.

Au nom de la Rose et de bien d’autres films, Gilles Jacob estime cependant que « Sean Connery, ce n’est pas seulement James Bond, loin de là. C’était un grand acteur qui en imposait naturellem­ent. Il était accompagné de sa femme française, beaucoup plus petite que lui, qui le protégeait et l’aidait à faire des choses intéressan­tes. C’était une de ces stars qui n’a qu’à être, et qui n’a pas besoin de faire…».

Bon sang mêlé d’Irlandais, sa disparitio­n a fait l’effet d’une douche écossaise. Mais sûr que de là-haut, Sean Connery nous envoie ses bons baisers du paradis…

 ?? (Photo Philippe Ledru ) ?? Roger Moore et Sean Connery enfin réunis à Mougins pour la photo en ; avec un bon cigare et un verre de cognac à la main. Way of life façon James Bond pour les deux célèbres agents .
(Photo Philippe Ledru ) Roger Moore et Sean Connery enfin réunis à Mougins pour la photo en ; avec un bon cigare et un verre de cognac à la main. Way of life façon James Bond pour les deux célèbres agents .
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