S’installer à une table en face de Clint Eastwood, c’est juste génial”
Pas grave. Ce job, il le veut, il l’aura. Il propose donc un deal à son futur employeur : dans un premier temps, il bossera pour lui gratuitement et s’il est satisfait, il l’embauche en CDI. Un pari gagnant !
L’explosion du digital
Julien a quand même dû passer par la case « cours intensifs de langue » à raison de neuf heures par jour pendant quinze jours. Avant de prendre un rythme de croisière avec quatorze heures par semaine. « J’étais nul à ce point, vraiment !, assure-t-il dans un éclat de rire. Je me suis aussi beaucoup entraîné en regardant des films que je connaissais par coeur, en version originale et sous-titrés anglais. Dès que je ne comprenais pas un mot, je le notais dans un carnet et j’allais prendre le dictionnaire. » Une discipline quasi militaire qui fonctionne. Au bout d’une grosse année, il se sent enfin à l’aise avec la langue de Woody Allen. Julien et sa carrière prennent rapidement la même courbe ascendante qu’Internet et le virtuel. Il prend des responsabilités au sein de Disney. Devient directeur marketing pour la France et en charge spécifiquement du digital pour toute l’Europe. Au bout de trois ans, il décide de changer d’air et de revenir poser ses valises à Paris. Passage éclair à la Paramount pendant six mois. « L’expérience n’a pas vraiment été concluante. Le job ne me plaisait pas, pas assez créatif. » C’est là qu’une opportunité en or se présente : Disney cherche un directeur des nouveaux médias à Los Angeles. C’est le début de son aventure américaine. « Je suis amené à faire des campagnes digitales partout dans le monde. Excepté aux États-Unis où j’ai un homologue spécifiquement dédié à ça. » Le net se développe, occupe une importance de plus en plus capitale pour le cinéma. C’est grisant. Il se charge des contenus à viraliser, à la promo spécialement dédiée au web… Il quitte Disney pour la 20 Century Fox en
th 2015 pour un poste de « Senior Vice-President » du digital puis de « Executive Vice-President monde ». À un peu plus de trente ans, c’est juste incroyable ! Et surtout, il s’éclate dans son métier. C’est une évidence quand on l’entend raconter quelques-uns de ses faits d’armes. « La campagne qui a tout changé c’est DeadPool, se souvient-il. Ryan Reynolds,
acteur et producteur, est à fond dans le digital. Non seulement il me laisse carte blanche, mais participe à toutes les folies créatives. » DeadPool se retrouve ainsi dans des vidéos avec David Beckham ou Céline Dion qui deviennent rapidement virales. Les bandes-annonces du film se distinguent par leur originalité. Pareil pour les visuels. «On a même fait une affiche qu’avec des émojis », s’amuse Julien. Il s’illustre également avec la promotion du film Bohemian Rapsody, avant de changer de crémerie en février 2019.
Ascension fulgurante
Direction Warner Bros. Il est en charge du marketing international. Il y a du digital mais pas seulement. Dans ses prérogatives, on retrouve aussi les relations presse, la stratégie, les finances… Il chapeaute tout un tas de départements. Et quand on lui demande les clés de son succès, Julien se la joue modeste. « Franchement c’est beaucoup de boulot et aussi beaucoup de chance. Avoir rencontré les bonnes personnes au bon moment. Et puis, c’est plus facile de réussir lorsque l’on travaille dans un milieu qu’on adore ! » Lui qui est un grand fan de films français et notamment de la jeune génération de réalisateurs qui explose comme Nicolas Bedos ou Ladj Ly, ne crache pas sur un bon succès américain. « J’adore Quentin Tarantino et Spielberg, je voue une admiration sans bornes à Clint Eastwood. D’ailleurs, j’ai travaillé avec lui sur le marketing de son dernier film L’affaire Richard Jewell. C’était juste magique de s’installer à une table en face de
D’ailleurs, Julien Noble ne compte pas rester toute sa vie outre-Atlantique. «Je pense que dans dix ans, je vais rentrer avec ma femme et mon fils. Ça sera la fin du chapitre américain. Après 20 ans passés ici, il sera temps. Et puis j’ai très envie aussi de travailler pour le cinéma français ! » 1. Cinéma se situant sur la commune de La Garde. Il a depuis déménagé à La Valette, dans le centre commercial L’Avenue 83.