Var-Matin (Grand Toulon)

David Rigatti, baguettes magiques

Installé à Québec, ce boulanger mentonnais a été récompensé à plusieurs reprises pour son pain bio. Âgé de 28 ans, il se voit bien rester durablemen­t dans cette province du Canada.

- JIMMY BOURSICOT jboursicot@nicematin.fr

C’est ce qu’on appelle une acclimatat­ion réussie. En un peu moins de trois ans, David Rigatti a réussi à trouver un emploi qui le satisfait pleinement et se plaît beaucoup dans son nouvel environnem­ent. « En réalité, j’avais déjà vécu cinq ans au Canada, quand j’étais plus jeune. J’avais déjà la nationalit­é, cela a facilité mon retour », note le Mentonnais. Sur place, il a retrouvé sa mère, qui travaille dans un cabinet d’avocats. Tout roule pour lui, surtout depuis qu’il a brillé dans un concours organisé à Montréal, l’an dernier. Distingué dans trois catégories (« meilleur pain salé utilisant un mixte de six ou neuf grains », « grand prix du meilleur artisan boulanger utilisant des produits certifiés biologique­s » et « meilleure baguette au levain biologique »), il a acquis une petite notoriété et attiré la curiosité de plusieurs journaux canadiens.

Entente cordiale

Dans les colonnes de Nice-Matin, il en profitait pour afficher sa volonté d’ouvrir ses propres boutiques. « Pour le moment, le projet est un peu mis de côté. J’ai eu d’autres préoccupat­ions ces derniers mois. Avec ma compagne, on a eu une petite fille », détaille David, la voix enjouée. Pendant le confinemen­t, il avait aussi imaginé un système de livraison dans son quartier, avec des pains réalisés chez lui. Mais de toute manière, il n’y a pas le feu au fleuve Saint-Laurent. L’Azuréen se sent bien au milieu des équipes de Borderon et fils. Il vient même d’y passer chef boulanger « J’avais envoyé plein de CV, un peu partout. Quand j’ai été reçu par le patron, on s’est tout de suite bien entendu. Même chose avec son fils, qui a presque le même âge que moi. » Les trois hommes ont une approche similaire de leur métier. Depuis peu, dans leurs cinq points de vente, Borderon et fils proposent des pains réalisés à partir des farines qu’ils produisent eux-mêmes. « On utilise beaucoup de variétés biologique­s, de blé entier ou de seigle. Récemment, j’ai même demandé à faire des tests avec de la farine de grillons », s’amuse David. À Québec, il est l’un des nombreux Français venus ici pour oeuvrer dans les boulangeri­es locales. Le Sudiste a débarqué avec ses expérience­s accumulées à Menton, au Baiser du mitron, sous la houlette de Kevin Le Meur. Puis du côté de Monaco. «Au Baiser du mitron, j’ai appris beaucoup au niveau technique. C’était intense, parce qu’on bossait à deux avec un four à bois. À Monaco, je devais beaucoup travailler sur l’aspect du pain. Ce qu’on préparait était servi dans les hôtels ou dans les réceptions, il fallait que son apparence soit impeccable. »

Douceur de vivre

En bon Sudiste effrayé par les frimas de l’hiver, on lui demande si les températur­es très rudes du Canada ne le rebutent pas. « Franchemen­t non, je m’y suis habitué pendant mon premier passage ici. Il y a quelque temps, on a loué un petit chalet, à une heure et demie de Québec. Il faisait - 34°C, mais on était bien », assure David. En résumé, sa vie est bien plus douce de l’autre côté de l’Atlantique. « Quand il faut bosser dur, ils y vont. Mais les gens sont plus relax, personne ne se prend la tête. Je ne pense pas revenir en France de sitôt. Avant, une fois mon loyer payé, je ne pouvais pas regarder beaucoup plus loin. Ici, en peu de temps, j’ai pu avancer. J’ai une voiture neuve, une maison. C’est pas mal, quoi ! » Même la Covid n’aura pas cassé totalement cette belle dynamique. «Ona quand même eu une bonne baisse de travail avec les restaurant­s qui ont dû fermer. Dans nos boutiques, ça marche plutôt bien. Le gouverneme­nt a insisté sur la nécessité de consommer local. »

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