Var-Matin (Grand Toulon)

Les stocks s’épuisent, pensez à donner le vôtre

Le besoin est urgent. Criant. Dans la région Paca, les stocks de sang s’épuisent peu à peu. Avec le second confinemen­t, l’EFS redoute de se retrouver démuni dans les prochaines semaines

- LORIS BIONDI lbiondi@nicematin.fr

La crise de la Covid-19 n’épargne définitive­ment aucun secteur. Alors que les hôpitaux sont de nouveau mis à rude épreuve avec l’accroissem­ent incessant du nombre de malades, un autre secteur du domaine médical l’est tout autant. Depuis le confinemen­t du printemps dernier, l’Établissem­ent français du sang (EFS) fait face à la baisse criante du nombre de donneurs. Entre le 16 mars et le 11 mai, ils n’étaient que 22 128 à avoir donné leur sang dans la région Provence Alpes Côte d’Azur (Paca), contre 26 080 à la même période l’an passé. Soit une baisse d’environ 15,15 %. En France, on est en revanche passé de 433 735 donneurs en 2019 à 447 153 en 2020 (+ 3 %).

Paca, une région déficitair­e en France

La région Paca est ainsi plus touchée que d’autres. D’autant plus qu’en temps normal, elle est déjà dans le rouge et doit s’appuyer sur ses voisines pour s’approvisio­nner. L’EFS Paca délivre ainsi que, pour être autosuffis­ante, il faudrait « 1 000 dons par jour pour desservir les 145 établissem­ents de santé du périmètre, or on n’en collecte que 800 ». Ce triste chiffre fait de la région l’un des deux mauvais élèves du pays, avec l’Île-de-France. Le problème est qu’en cette période très délicate, les autres régions ont du mal à transmettr­e des poches de sang. L’effet domino se produit alors et pourrait avoir des conséquenc­es désastreus­es.

Seulement  jours de réserves en stock

Désastreus­es car les stocks de sang commencent à s’amenuiser en Paca. Au début du mois dernier, le triste seuil des 82 000 poches de globules rouges en réserve a été atteint. Et ce pour la première fois depuis dix ans. Ce chiffre a été atteint car depuis le déconfinem­ent, les collectes deviennent encore plus compliquée­s, confie l’EFS : « Habituelle­ment, on fait des collectes mobiles où on se déplace sur les communes, mais aussi dans les entreprise­s et les lieux d’enseigneme­nt. » C’est sur ces deux secteurs précisémen­t que le bât blesse. La faute au télétravai­l : « Comme il y a beaucoup de gens qui travaillai­ent à domicile, on a eu moins de donneurs. » Les transfusio­ns se poursuivan­t, l’EFS avoue qu’aujourd’hui, il ne « possède que dix jours de stock pour subvenir aux besoins des patients ».

Un taux insuffisan­t car il « faudrait être à treize jours pour un bon niveau de réserve ». Avec le nouveau confinemen­t, la crainte d’une pénurie, tant redoutée, se fait de plus en plus sentir. Celle-ci aurait lieu si la jauge de stock passait en dessous des huit jours. Pour éviter une telle disette, l’établissem­ent lance souvent des appels aux dons pour éviter d’être pris de court.

« On y pense tous les jours »

Mais à la fin de l’été, « la sollicitat­ion n’a pas du tout été entendue. C’est l’une des premières fois que ça arrivait. On ne savait pas si c’était l’effet de la rentrée ou si les gens pensaient à autre chose ». Fort heureuseme­nt une seconde mobilisati­on lancée dans la foulée a eu plus de succès. Depuis la crise de la Covid-19, l’EFS Paca a, comme beaucoup d’autres secteurs, dû revoir sa copie : «Une possible pénurie ? On y pense tous les jours. On est tout le temps en train de scruter les stocks et tenter d’établir nos actions en fonction de nos réserves. » En cette nouvelle période délicate, le besoin de sang est urgent. Primordial : « Il faut que les gens continuent à venir donner parce que les malades ont besoin de sang. Même si on peut repousser des interventi­ons programmée­s, d’autres nécessiten­t des transfusio­ns régulières. Il nous faut des poches suffisante­s. » Espérons que l’appel soit entendu.

Newspapers in French

Newspapers from France