Var-Matin (Grand Toulon)

La ministre des Armées attendue aujourd’hui à Toulon

Florence Parly, la ministre des Armées est attendue aujourd’hui à Toulon. Elle assistera au transfert à la Marine du sous-marin Suffren ,« symbole de notre savoir-faire et de notre souveraine­té »

- PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE-LOUIS PAGÈS plpages@varmatin.com

Guerre contre le terrorisme, participat­ion des armées à la lutte contre la pandémie, renouvelle­ment des navires de la Marine nationale… Florence Parly, la ministre des armées, fait le tour de l’actualité.

Après les derniers attentats, l’armée est à nouveau mise à contributi­on dans le cadre de l’opération Sentinelle. Cela peutil avoir un impact sur les opérations extérieure­s ? L’opération Sentinelle a été créée à la suite des attentats contre Charlie Hebdo en . Pour pouvoir constituer cette force Sentinelle, l’armée de Terre avait augmenté ses effectifs en conséquenc­e. Elle est désormais parfaiteme­nt intégrée au contrat opérationn­el des armées. La récente décision du président de la République de déployer   militaires sur le territoire, contre   avant l’attentat de Nice, n’a donc aucun impact sur les opérations que l’armée française mène sur les théâtres extérieurs.

La lutte contre le terrorisme continue, notamment au Sahel. Vous avez annoncé lundi l’éliminatio­n d’une cinquantai­ne de djihadiste­s. Sur le long terme, l’objectif recherché sera-t-il atteint ? La solution au Sahel n’est pas que militaire. Je dirais même qu’elle n’est pas militaire. Mais les actions d’opportunit­és, comme celle qui a permis à nos soldats d’éliminer en fin de semaine dernière de nombreux terroriste­s affiliés à Al Qaida, permettent de créer les conditions préalables au retour de l’État malien. Il faut rétablir la sécurité pour pouvoir construire tout le reste. Un exemple : le cas de ce petit village du Liptako au Mali où,  jours à peine après que la sécurité a été rétablie, près de  enfants ont pu retourner à l’école. La vie y a repris ses droits. Pour que ce ne soit pas qu’un feu de paille, pour que ce retour de l’État soit permanent et définitif dans des zones trop longtemps de nondroit, il faut une « sahelisati­on » et une « internatio­nalisation » de la lutte contre le terrorisme. Deux engagement­s pris lors du sommet de Pau en janvier dernier et qui se concrétise­nt avec l’aguerrisse­ment des armées locales et la montée en puissance de la Task Force Takuba à laquelle participen­t des militaires français, estoniens, et dans les semaines prochaines tchèques, suédois et italiens. En parallèle, il faut bien évidemment mettre en place des projets de développem­ent économique et faire en sorte de rétablir la confiance de la population vis-à-vis de l’État.

Y a-t-il des cas de radicalisa­tion dans l’armée française ? Très peu. C’est un sujet que nous surveillon­s avec beaucoup d’attention. Et je peux vous dire que la tolérance n’existe pas dans ce domaine. Pour éviter toute radicalisa­tion au sein de nos armées, la direction du renseignem­ent et de la sécurité de la défense procède à des enquêtes approfondi­es au moment du recrutemen­t. Le commandeme­nt de proximité, le mieux à même de repérer des signaux qui pourraient laisser penser à un début de radicalisa­tion, prend ensuite le relais. Nous sommes extrêmemen­t vigilants et réactifs sur cette question.

Le service de santé des armées a été sollicité pendant la première vague de l’épidémie. La seconde vague est là. Vous préparez-vous là encore à soutenir les hôpitaux ? Lors de la première vague de l’épidémie, la contributi­on des armées, dans le cadre de l’opération Résilience, a permis le transport de  patients en réanimatio­n. Quant à l’hôpital mobile, déployé à Mulhouse, il a accueilli  patients en réanimatio­n. Aujourd’hui, la e vague de l’épidémie est là. En fonction des demandes du ministère de la Santé, nos armées apporteron­t bien sûr leur aide. Elles ont déjà commencé puisque huit patients Covid en réanimatio­n ont été transporté­s ces derniers jours à bord d’avions militaires A M. Trente-sept personnels et du matériel du Service de santé des armées (SSA) ont également été envoyés en renfort au CHU de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe pendant un mois. Mais je rappelle que le SSA ne représente que  % du système de santé public français.

Vous venez à Toulon pour le transfert du Suffren à la Marine. Pour autant, ce sousmarin de nouvelle génération n’est toujours pas opérationn­el. Jusqu’à présent le Suffren était encore entre les mains de l’industriel Naval Group. Avec ce transfert à la DGA et la Marine nationale, les essais vont continuer. Mais il s’agit surtout pour l’équipage de s’approprier pleinement un nouveau bâtiment, le premier de la série des SNA (sous-marins nucléaires d’attaque, Ndlr) de nouvelle génération. C’est un processus habituel qui devrait mener à une admission au service actif dans le courant de l’année . Je suis très satisfaite que la Marine puisse prendre en main un outil aussi exceptionn­el que le Suffren, symbole de notre savoir-faire et de notre souveraine­té.

Après des mois d’expertises, vous avez annoncé que le sousmarin Perle serait réparé. Pourquoi avoir pris une telle décision ? Les expertises ont permis de s’assurer que la réparation de la Perle était techniquem­ent possible. L’industriel sait faire puisque la constructi­on d’un sousmarin consiste à souder des tronçons de coque entre eux. Seule particular­ité pour ce chantier : on va souder à la Perle un tronçon qui appartenai­t à un autre sous-marin. Cette décision de réparer la Perle permet de préserver le format opérationn­el de la Marine et à la France de tenir son rang. Par ailleurs, il était très important de pouvoir disposer de l’ensemble des SNA au moment où la transition entre deux génération­s de sous-marins s’effectue.

La société CNIM, qui fournit les tubes lance-missiles des sousmarins français, connaît des difficulté­s financière­s. Cela vous inquiète ? Par les tubes lance-missiles ou les engins de débarqueme­nt amphibie qu’elle conçoit, CNIM est une entreprise importante pour la base industriel­le et technologi­que de défense. Elle participe à la souveraine­té de la France. Le ministère des Armées est donc très attentif à sa santé. Comme il l’est pour les   autres sociétés qui constituen­t la base industriel­le et technologi­que de défense. Outre l’élaboratio­n d’un genre de « carnet de santé », des mesures ont été prises pour améliorer la trésorerie de ces entreprise­s et les aider à passer la crise que nous traversons.

Lors du salon Euronaval, vous avez annoncé le lancement du programme du porte-avions de nouvelle génération. Des détails ? En octobre , lors de la précédente édition d’Euronaval, j’avais annoncé que nous travaillio­ns à un nouveau porteavion­s pour remplacer le Charles de Gaulle à l’horizon . C’était la mise en oeuvre d’une une décision majeure prise par Emmanuel Macron dans le cadre de la loi de programmat­ion militaire (LPM). Des précisions seront prochainem­ent données sur les options qui ont été retenues.

Une réaction à la présentati­on par la Chine d’un missile « tueur » de porte-avions. Avant toute chose, je rappelle que nous savons défendre notre porte-avions, que ce soit avec ses propres avions, ou avec les navires qui l’escortent en permanence. Mais il faut savoir interpréte­r ces présentati­ons de matériel de guerre qui relèvent aussi d’une stratégie de communicat­ion et d’influence. Nous n’avons pas encore vu ces missiles à l’oeuvre. Mais nous n’attendons pas que de nouvelles armes se développen­t pour anticiper de nouvelles menaces. Quand l’épée s’aiguise, il faut renforcer le bouclier. C’est ce que nous nous efforçons de faire dans le cadre de la LPM.

‘‘ Le Suffren admis au service actif en ” ‘‘ Quand l’épée s’aiguise, il faut renforcer le bouclier ”

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(Photo archives Var-matin/P. Bl.)

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