Var-Matin (Grand Toulon)

« Remis sur la brèche, sans avoir pu récupérer »

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« On ne peut pas trouver du personnel en claquant des doigts. Pour amener dix lits supplément­aires en réanimatio­n, il faut aller chercher les gens, un par un. C’est ça qui est compliqué, trouver les bras autour des lits .» À l’hôpital Sainte-Musse de Toulon, c’est une année sans fin qui continue. Les organisati­ons syndicales se mobilisent et ont demandé la tenue d’un CHSCT exceptionn­el,

(1) de crise. Il s’est tenu hier matin.

Humainemen­t, « ça tire »

Tandis que l’hôpital n’a connu aucune trêve depuis le printemps, l’heure est déjà de revenir à une organisati­on de crise. « C’est une situation inquiétant­e. Quelles décisions seront prises par les autorités de tutelle ? » livre Jean-Éric Lodevic, secrétaire général FO du centre hospitalie­r Toulon-La Seyne.

C’est que l’hôpital doit s’adapter en permanence, trouver les moyens humains nécessaire­s « du système D ». « On a redéployé les gens dans les services, cela fait déjà une quinzaine de jours, détaille Manon Magagnosc, secrétaire générale CGT. Surtout pour les infirmière­s en capacité d’intervenir en réa. » Des renforts ont été envoyés par d’autres hôpitaux, du public et même du privé. « Les équipes sont sous grande tension depuis début 2020, elles sont sincèremen­t fatiguées et éprouvées. C’est loin d’être simple. Ça tire sur les ressources humaines », approuve-t-on dans les couloirs de l’hôpital.

« Ni héros, ni guerriers »

« La grosse différence avec la première vague, c’est qu’on nous a demandé, cette fois, de ne pas déprogramm­er massivemen­t [des opérations]. Or la situation n’est plus tenable », poursuit Manon Magagnosc. « Le personnel est remis sur la brèche, alors que les gens n’ont pas récupéré de la première vague. Les personnels de santé sont des profession­nels. Ils ne sont ni des héros, ni des guerriers. Ça commence à peser .» Pour « armer » de nouveaux lits, l’hôpital renonce à une part de son activité. « L’objectif est d’arriver dans le courant de la semaine prochaine à repousser 60 % d’opération chirurgica­les programmée­s », affirme Jean-Éric Lodévic. Plus de la moitié de l’activité. C’est considérab­le. C’est bien sûr le corps médecal qui étudie chaque situation. Mais il serait faux de prétendre qu’il n’y a pas d’impact pour les patients. « La réalité, c’est que la Covid n’est pas la seule maladie, balaie Manon Magagnosc. Et que l’hôpital est tellement détruit qu’on ne peut plus faire face au moindre grain de sable. Et la Covid, c’est un rocher .» Ces derniers mois, l’hôpital n’a pas désempli. Les hospitalis­ations repoussées lors de la première vague ne sont pas encore résorbées. 1. Comité hygiène, sécurité et conditions de travail

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(Photo Laurent Martinat) Les organisati­ons syndicales de l’hôpital se mobilisent.

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