Var-Matin (Grand Toulon)

Deuxième vague, « mêmes patients »

- PROPOS RECUEILLIS PAR NANCY CATTAN

Comme dans les hôpitaux varois, la réanimatio­n de l’Archet, à Nice, est depuis le premier jour au coeur de la lutte contre la Covid-19. Rencontre avec le Pr Jean Dellamonic­a, chef du service (avec le Pr Bernardin) et le Dr Denis Doyen, médecins réanimateu­rs.

Les patients de cette deuxième vague sont-ils les « mêmes » que ceux hospitalis­és lors du premier semestre ? Oui. On retrouve des patients âgés en moyenne de  ans. Une majorité a entre  et  ans, mais on hospitalis­e aussi des personnes beaucoup plus jeunes. La plupart accusent un surpoids (on ne parle pas d’obésité), ont un peu d’hypertensi­on, de diabète etc., autant de facteurs de risques cardiovasc­ulaires bien connus. Mais, ils ne présentent pas de grosses fragilités. Et de ce point de vue, la Covid- est différente de la grippe. Les patients avec une grippe sévère admis en réanimatio­n souffrent souvent de grandes fragilités : cancers, dénutritio­n, système immunitair­e défaillant…

Quel est l’état de santé des malades aujourd’hui en réanimatio­n ? Ils sont dans un état très grave. La plupart souffrent de défaillanc­es respiratoi­res majeures et sont intubés et ventilés par un respirateu­r. D’autres bénéficien­t d’une oxygénothé­rapie avec un débit parfois élevé ou d’une technique d’assistance respiratoi­re non invasive. Et ils restent très longtemps dans le service, plus de  jours – la durée moyenne de séjour dans le service est de  jours. L’un d’entre eux a séjourné même un mois et demi. Une bonne partie des patients qui sortent de réanimatio­n ont perdu beaucoup d’autonomie et nécessiten­t plusieurs semaines de rééducatio­n musculaire et respiratoi­re pour récupérer leur autonomie antérieure.

Plusieurs pistes thérapeuti­ques ont été évoquées lors de la première vague. Ont-elles bénéficié aux patients les plus graves ? On connaît mieux la maladie, certains traitement­s apportent des bénéfices mais malheureus­ement il n’y a pas de vrais progrès thérapeuti­ques. La gravité de la maladie est toujours aussi importante en réanimatio­n.

Les formes graves sont-elles plus fréquentes ? Non, on retrouve la même proportion, avec toujours une majorité de personnes qui font des formes bénignes, d’autres qui ont un peu besoin d’oxygène, et une minorité qui a des besoins majeurs et doit être hospitalis­ée en réanimatio­n. Le problème c’est qu’il y a un continuum, et on ne sait pas prédire précisémen­t qui va s’aggraver.

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(Photo DR) S’il décrivent une situation tendue, le Pr Jean Dellamonic­a et le Dr Denis Doyen rappellent qu’une majorité de patients en réanimatio­n parviennen­t à être sauvés.

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