Deuxième vague, « mêmes patients »
Comme dans les hôpitaux varois, la réanimation de l’Archet, à Nice, est depuis le premier jour au coeur de la lutte contre la Covid-19. Rencontre avec le Pr Jean Dellamonica, chef du service (avec le Pr Bernardin) et le Dr Denis Doyen, médecins réanimateurs.
Les patients de cette deuxième vague sont-ils les « mêmes » que ceux hospitalisés lors du premier semestre ? Oui. On retrouve des patients âgés en moyenne de ans. Une majorité a entre et ans, mais on hospitalise aussi des personnes beaucoup plus jeunes. La plupart accusent un surpoids (on ne parle pas d’obésité), ont un peu d’hypertension, de diabète etc., autant de facteurs de risques cardiovasculaires bien connus. Mais, ils ne présentent pas de grosses fragilités. Et de ce point de vue, la Covid- est différente de la grippe. Les patients avec une grippe sévère admis en réanimation souffrent souvent de grandes fragilités : cancers, dénutrition, système immunitaire défaillant…
Quel est l’état de santé des malades aujourd’hui en réanimation ? Ils sont dans un état très grave. La plupart souffrent de défaillances respiratoires majeures et sont intubés et ventilés par un respirateur. D’autres bénéficient d’une oxygénothérapie avec un débit parfois élevé ou d’une technique d’assistance respiratoire non invasive. Et ils restent très longtemps dans le service, plus de jours – la durée moyenne de séjour dans le service est de jours. L’un d’entre eux a séjourné même un mois et demi. Une bonne partie des patients qui sortent de réanimation ont perdu beaucoup d’autonomie et nécessitent plusieurs semaines de rééducation musculaire et respiratoire pour récupérer leur autonomie antérieure.
Plusieurs pistes thérapeutiques ont été évoquées lors de la première vague. Ont-elles bénéficié aux patients les plus graves ? On connaît mieux la maladie, certains traitements apportent des bénéfices mais malheureusement il n’y a pas de vrais progrès thérapeutiques. La gravité de la maladie est toujours aussi importante en réanimation.
Les formes graves sont-elles plus fréquentes ? Non, on retrouve la même proportion, avec toujours une majorité de personnes qui font des formes bénignes, d’autres qui ont un peu besoin d’oxygène, et une minorité qui a des besoins majeurs et doit être hospitalisée en réanimation. Le problème c’est qu’il y a un continuum, et on ne sait pas prédire précisément qui va s’aggraver.