Var-Matin (Grand Toulon)

Infectés par le coronaviru­s lors d’une croisière de luxe

Comme plusieurs passagers, la Raphaëlois­e Françoise Savary est convaincue d’avoir été contaminée à bord du Jacques-Cartier. La compagnie assure avoir respecté un strict protocole

- VÉRONIQUE GEORGES vgeorges@nicematin.fr

Le coronaviru­s en guise de souvenir de voyage… C’est l’expérience vécue par plusieurs croisiéris­tes, dont une Raphaëlois­e, Françoise Savary, toujours pas remise de l’infection. Après trois mois de confinemen­t au printemps et un voyage au Japon reporté en 2021, « j’avais besoin de me changer les idées, explique cette ancienne directrice administra­tive et financière. Lorsque j’ai appris, en août que les croisières en Méditerran­ée étaient à nouveau autorisées, j’ai foncé et acheté directemen­t au téléphone auprès de la compagnie Ponant une croisière du 18 au 25 octobre ». Une décision qu’elle regrette amèrement.

Une bulle sanitaire anti-Covid

« Il y a 14 ans, j’ai subi une greffe de moelle osseuse, je ne peux prendre aucun risque. À la réservatio­n, on m’a vanté une bulle sanitaire anti-Covid. Ponant a une excellente réputation, j’étais confiante », ditelle. Elle se soumet comme les 120 passagers à tout ce qui était demandé, dossier médical de 6 pages à remplir, attestatio­n de l’état de santé, visite chez un médecin à Marseille, siège de Ponant, et test de dépistage. L’embarqueme­nt est prévu le 18 octobre à Nice, sur le JacquesCar­tier, le dernier-né de la compagnie de luxe, propriété d’Artémis, la holding du milliardai­re François-Henri Pinault. « Quelques jours avant le départ, j’apprends que je dois faire un deuxième test PCR avant d’embarquer sur le bateau à Nice. Ce jourlà, il n’est pas sur le quai indiqué mais sur un autre. Le labo a fait les tests à tout le monde, on a vu un médecin. On est monté sur le Jacques-Cartier le dimanche aprèsmidi, et on n’a quitté le port que le lundi 19 à 16 heures » raconte-telle. Le protocole sanitaire est strict : outre tous les dispositif­s (masques, désinfecti­on, gestes barrière), les croisiéris­tes ont un test de températur­e et un contrôle de l’oxygénatio­n du sang tous les matins et tous les soirs, avec le médecin de bord. Mais « le commandant du bateau ne communiqua­it pas du tout alors que l’emploi du temps changeait tout le temps, des escales, dont la première, n’ont pas eu lieu, une autre fois on n’a pas pu débarquer, quelque chose ne tournait pas rond » poursuit Françoise Savary. Le dimanche 25, avant de quitter le navire, elle reçoit deux documents : le résultat – négatif – de son test PCR prélevé le 18 et une lettre du docteur du bord, indiquant qu’elle ne présente aucun signe clinique de la Covid-19 et qu’elle peut prendre l’avion. Ce qu’elle fait pour arriver à Nice le dimanche à minuit. « Mes amis sont venus me chercher à l’aéroport, j’avais déjà les symptômes dans la voiture, j’ai mis ça sur le compte de la fatigue. Je me suis couchée pas bien. Le lundi matin, j’ai pris du Doliprane. Je commençais à avoir mal aux cervicales, plus aucune force, du mal à respirer, je suis allée voir mon médecin le mardi, qui m’a donné des antibiotiq­ues. Je n’ai plus de goût, j’ai perdu 4 kg », témoigne-t-elle.

« Une croisière  étoiles de cauchemar »

Entre-temps, elle apprend par un mail d’un autre passager, qui a poursuivi la croisière une semaine de plus, que le dimanche 25 au soir, quelques heures après qu’elle et de nombreux autres croisiéris­tes sont partis, deux membres du personnel, en l’occurrence deux musiciens, sont testés positifs. Le Jacques-Cartier restera bloqué à quai quatre jours à Syracuse, en raison de plusieurs cas positifs, entre 13 et 19 selon les sources, parmi les passagers et le personnel. « Personne ne nous a prévenus, nous qui étions sur la croisière précédente, on nous a oubliés. Quel manque d’empathie. Nous avons été contaminés à bord. Je pense aux passagers qui en ont 80, 90 ans. Les conséquenc­es du virus peuvent être mortelles. C’était une croisière 5 étoiles de cauchemar » s’indigne la Raphaëlois­e, qui demande des explicatio­ns et des excuses. Et elle n’est pas la seule (lire ci-dessous). La compagnie Ponant, elle, se défend d’avoir oublié ces passagers et assure gérer au mieux cette crise sanitaire.

 ?? (Photos Clément Tiberghien) ?? Françoise Savary est restée clouée au lit une semaine par la Covid- au lendemain de sa croisière en Méditerran­ée.
(Photos Clément Tiberghien) Françoise Savary est restée clouée au lit une semaine par la Covid- au lendemain de sa croisière en Méditerran­ée.

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