Home-jacking dans le : l’appel au doute de la défense
Si le ministère public a requis quatorze années de réclusion à l’encontre de Maël Siaf, ses avocats ont demandé la relaxe au bénéfice du doute. Verdict aujourd’hui
Le procès en appel de Maël Siaf et Mehdi Rahmani devant la cour d’assises du Var connaîtra son dénouement ce matin à Draguignan. Condamné en première instance à Aix-en-Provence à vingt ans de réclusion criminelle pour un cambriolage qui s’était conclu par la mort d’un des deux malfaiteurs, Mohamed Berrebha, à Roquevaire en mai 2016, Maël Siaf espère une relaxe. Tout comme Mehdi Rahmani, poursuivi pour avoir détruit un téléphone portable afin de faire obstacle à la manifestation de la vérité, et qui avait écopé de deux de prison pour ce délit connexe. C’était en tout cas le sens des plaidoiries des avocats de la défense hier soir.
Maël Siaf « sait ce qu’il a fait et ce qu’il mérite »
En revanche, pour l’avocat général Marie-Laure Ferrier, pas de doute, Maël Siaf « sait ce qu’il a fait et ce qu’il mérite », même si les cambrioleurs avaient fait en sorte de ne laisser aucune preuve sur la scène de crime. Pour se forger son intime conviction, elle s’est basée entre autres sur un appel anonyme du 30 juin 2016, qui dénonçait un certain « Naël Sias », ainsi que sur les écoutes téléphoniques, et notamment celles de Farid H., ami de Mohamed, qui fustigeait l’attitude du complice, parti après le coup de feu mortel. Mais aussi et surtout sur les découvertes de W., soeur de Mohamed, qui rencontrait à plusieurs reprises Maël Siaf pour lui demander des explications. Autant d’éléments qui l’ont amené à requérir, comme en première instance, quatorze années de réclusion criminelle à son encontre et deux ans d’emprisonnement avec sursis envers Mehdi Rahmani. « L’accusation ne s’appuie que sur des témoignages indirects pollués par le mensonge, rétorque pour la défense Me Frédéric Monneret. En vertu de quels critères objectifs ontils dit la vérité à tel moment et menti à tel autre ? Nous n’avons pas plus de raison de suspecter les dires d’Haykal M. qui vient affirmer avoir passé la soirée avec M. Siaf que d’apporter du crédit à des témoins qui ont menti à plusieurs reprises aux gendarmes et devant la cour d’assises...» Dans la matinée, un dernier témoin, Mehdi Z., avait été entendu. Il venait apporter un alibi, tardif, à Maël Siaf pour la nuit du crime. « Ce soir-là, on était allé au restaurant du cousin de Haykal regarder la finale de la Ligue des champions puis on était allé chez moi jouer à la console » « Soit, enchaîne le président Didier Guissart. Mais pourquoi avoir attendu d’être convoqué par les gendarmes plusieurs mois après l’interpellation de votre ami pour lui venir en aide ? »
Faux alibis et vérité intermédiaire
Car entre-temps, Maël Siaf avait fourni deux alibis, et notamment une fausse liaison amoureuse avec W. Berrebha, qui n’avaient pas résisté aux vérifications. « J’étais bête, mon nom circulait. J’avais peur, se défend l’accusé. Mentir sur mon alibi était ma seule erreur. » Mais dans un dossier où, faute de preuves matérielles, les témoignages et autres écoutes ont un poids considérable, la franchise est une qualité. Voire une vertu. « Dans une cour d’assises, la vérité résulte des mots » clame Me Zecchini aux intérêts des parties civiles. « Le mensonge est-il le corollaire de la culpabilité ? Doit-on se contenter d’une vérité intermédiaire ? » lui renvoie sous forme interrogative Frédéric Monneret quelques heures plus tard. Les jurés répondront à ces questions, et bien d’autres, ce matin à l’issue des délibérations.