Var-Matin (Grand Toulon)

Les effectifs policiers doublent aux frontières

Au Perthus hier, le président de la République a annoncé le doublement des effectifs policiers en charge de la lutte contre l’immigratio­n clandestin­e. À Vintimille, la pression reste toujours très forte

- JEAN-FRANÇOIS ROUBAUD jfroubaud@nicematin.fr

Face à la pression migratoire, le ministre de l’Intérieur avait en juillet dernier annoncé la création d’une brigade franco-italienne de surveillan­ce des frontières. Trois mois plus tard, la fameuse brigade n’a toujours pas été constituée. Mais après le traumatism­e de l’attentat de Nice et l’urgence nouvelle à combattre les candidats à un « jihad de proximité » venu de l’extérieur, Emmanuel Macron, en déplacemen­t hier dans la ville frontière du Perthus dans les Pyrénées-Orientales, a annoncé le doublement des forces de contrôle aux frontières de l’Hexagone. Les effectifs devraient ainsi passer de 2 400 à 4 800 policiers en « raisons de l’intensific­ation de la menace » après les récents attentats, dont celui de Nice, a expliqué le chef de l’État. La frontière franco-espagnole, qui serait jusqu’à présent moins bien dotée que la frontière italienne, « quatre unités mobiles sont en cours de déploiemen­t ».

Au moins   migrants recensés depuis le  octobre

La décision du président de la République permettra également de mieux armer les services azuréens, à la frontière mentonnais­e, en charge de la lutte contre l’immigratio­n clandestin­e. Car si on est loin de la vague migratoire de 2015 lorsque Vintimille semblait être l’annexe surpeuplée des camps de Lampedusa ou de l’île de Lesbos en Grèce, la pression est loin d’être retombée. Malgré l’épidémie de coronaviru­s, la cité frontière de Menton reste le terminus de tous les espoirs pour les migrants, qu’ils fuient la guerre comme en Syrie ou au Soudan ou l’extrême misère. À Vintimille, l’associatio­n Caritas est le baromètre de ce drame humain, nourrissan­t ici en France une crainte sécuritair­e après les attentats terroriste­s de ConflansSa­inte-Honorine et de la basilique Notre-Dame à Nice : « Depuis le début du confinemen­t jusqu’au 20 octobre, nous avons recensé 3 175 migrants. Attention, il s’agit de ceux qui viennent nous demander de l’aide… En général, il passe moins de deux jours et demi à Vintimille… Après ils disparaiss­ent et nul besoin d’être grand clair pour imaginer qu’ils ont réussi à passer en France », explique Christian Papini.

Le même chemin que le terroriste de Nice

Dans le même temps, l’associatio­n qu’il dirige et dont le but est strictemen­t humanitair­e – en lien d’ailleurs très étroit avec les autorités catholique­s italiennes – a pris en charge les étrangers en situation irrégulièr­e que la France a expulsés : « Toujours sur la même période, nous avons accueilli 1 543 migrants expulsés par la France. Et ceux-là, nous ignorons s’ils sont allés tenter leur chance ailleurs… Ce qui est sûr, c’est qu’ils ne sont certaineme­nt pas rentrés dans leur pays d’origine. » Ce sont les Soudanais, fuyant les horreurs de la guerre au Darfour qui froment le plus gros bataillon de ces candidats au passage. Plus de 700 sur les 3 500 migrants recensés par Caritas. Loin derrière arrivent les Afghans (400) ensuite viennent les ressortiss­ants du Maghreb, pour la grande majorité d’entre eux en provenance de Tunisie qui, comme Brahim A., le terroriste de Nice, tentent de passer en France après avoir été quelques jours placés en rétention par les autorités italiennes dans les camps de Lampedusa.

 ?? (Photo AFP) ?? Emmanuel Macron entend combattre les candidats à un « jihad de proximité ».
(Photo AFP) Emmanuel Macron entend combattre les candidats à un « jihad de proximité ».

Newspapers in French

Newspapers from France