Le ver est dans le fruit
À chaque semaine son coup de poignard, décidément. Le dernier en date est d’ordre symbolique certes, mais il n’en est pas moins profond, à faire froid dans le dos. Les plus optimistes, j’en fais indécrottablement partie, pensaient que la décapitation de Samuel Paty avait pu, avait dû, produire une prise de conscience au sein de la communauté musulmane. Beaucoup de louables paroles ont d’ailleurs fusé en ce sens, heureusement. Mais hier donc, une étude de l’Ifop, commandée par le Comité Laïcité République, est tombée comme une douche glacée. Elle assène, notamment, deux choses (). Un : % des jeunes musulmans de à ans – et % seulement des plus âgés – considèrent la charia comme supérieure à la loi républicaine. Dix points de plus qu’en . Deux : % des Français musulmans contestent aux enseignants le droit de montrer des caricatures religieuses à leurs élèves. On en est donc là, même s’il faut toujours prendre les sondages avec du recul. D’aucuns, espérons, trouvent peut-être malice à s’y montrer plus apprentis sorciers qu’ils ne le sont vraiment. La lutte contre le terrorisme et la radicalisation des esprits ne pourra, quoi qu’il ne soit, s’affranchir d’emprunter deux directions. Cette lutte passe par des mesures d’urgence, de protection, liberticides sans doute, proches de celles prônées par la droite de la droite. L’exécutif est désormais contraint de s’y rallier, fût-ce du bout des lèvres, pour rassurer un pays inquiet et de moins en moins enclin à la tolérance. Mais un combat tout aussi essentiel, plus vital encore, est à conduire à l’école. C’est là qu’il faut retourner le modèle communautariste et combattre le basculement d’un certain nombre de jeunes. C’est là que se joue l’avenir. Àprès des décennies d’atermoiements et de mauvaise conscience, l’affaire s’annonce rude. Pour qui veut rester optimiste, il y a cependant une formidable croisade républicaine à mener, sans mollir ni perdre notre âme. Reste à savoir par quel bout prendre le problème. Rien que ça.