Var-Matin (Grand Toulon)

Henri Loevenbruc­k

- ALAIN MAESTRACCI amaestracc­i@nicematin.fr

Après Le Loup des Cordeliers (XO Éditions), Henri Loevenbruc­k nous offre la suite avec toujours son journalist­e d’investigat­ion au centre de ce nouveau thriller historique, Le Mystère de la Main rouge. Ça commence doucement – l’auteur nous a expliqué qu’il a voulu nous faire lambiner – et d’un coup, quand débarque un pirate, ça s’accélère et, là, c’est carrément haletant. Il y a donc le journalist­e, le Loup des cordeliers, un dandy-romancier, le pirate et... une société secrète, la Main rouge. Qui a du sang sur les mains justement. Tout ce beau (quoique) monde se mélange dans ce polar au temps de la Révolution avec, question de pimenter l’affaire, une des héroïnes qui veut se venger de l’homme qui violé sa mère.

Pourquoi avoir choisi la Corse comme fil rouge de ce thriller ? J’ai des liens avec toute une bande des Corses que j’aime d’amour et que je vais voir tous les ans. J’ai donc des liens amicaux et sentimenta­ux avec la Corse.

Vous êtes passionné d’Histoire ? En fait, je le suis devenu adulte. Ado et au lycée, je n’étais pas particuliè­rement passionné d’Histoire, plutôt par la littéraire. C’est un goût que j’ai développé plus tard, en écrivant. Maintenant, chaque fois que je prépare un roman historique, je me régale en découvrant de manière plus approfondi­e telle ou telle époque. La phase de recherches que nécessite un roman historique constitue pour moi un régal, ce n’est pas du tout laborieux.

Comment effectuez-vous ces recherches ? Il y a trois sources principale­s. Internet qui prend de plus en plus d’importance car il y a des sources de plus en plus fiables. Il y a surtout de plus en plus de livres anciens qui sont numérisés. Ensuite, il y a les bibliothèq­ues comme celle, historique, de la ville de Paris qui m’a beaucoup aidé pour Le Loup des Cordeliers .Et enfin, la troisième source ce sont des historiens avec qui j’ai travaillé, qui lisent mon livre une fois terminé et me donnent leurs éclairages ainsi que deux ou trois petites correction­s. Ce qui est d’ailleurs très intéressan­t car en discutant avec eux je trouve parfois de nouvelles idées.

Et la Révolution c’est une bonne toile de fond ? Ben disons que c’est facile car c’est une période très très documentée. C’est sans doute celle qui l’est le plus. Il y a même une université américaine qui a scanné l’intégralit­é de tous les pamphlets publiés pendant la Révolution. Il y a quand même trente mille !

Un de vos personnage­s, le pirate Récif, est truculent. J’ai l’impression, que vous avez pris du plaisir avec lui ? Oui c’est vrai. Et j’ai aussi beaucoup pris de plaisir à le faire arriver tard dans ce deuxième tome car je voulais qu’il fasse une entrée fracassant­e. Je me suis inspiré d’un ami qui est un vrai pirate des temps modernes. À notre époque, il arrive encore à vivre presque comme un authentiqu­e pirate, c’est-à-dire à se soustraire des règles de la société mais ce n’est pas un clochard non plus. Il a aussi un regard intéressan­t de ce qui se passe à l’extérieur et, d’ailleurs, j’échange beaucoup avec lui. Bien sûr, dans le livre, j’ai un peu romancé.

Un de vos personnage­s dit à la page  : « À l’aristocrat­ie de la naissance, vous entendez faire succéder celle de la finance » .Ça n’a pas tellement changé, non ? Euh .... je partage beaucoup l’opinion de ce personnage. Bon, l’ascenseur social fonctionne mieux aujourd’hui qu’au XVIIIe siècle mais, globalemen­t, c’est beaucoup plus facile de réussir dans la vie quand on est le fils du P.-D.G. de Coca-Cola que quand on est un fils d’ouvrier. Par exemple, aujourd’hui les cours d’une école de commerce coûtent   euros par an. Le monde est d’ailleurs gouverné par les gamins qui font cette école. Prenez les maisons d’éditions, elles sont dirigées par des gens qui ont fait HEC ou l’ESSEC sauf chez XO [son éditeur, ndlr] où Bernard Fixot est un vrai littéraire. Donc cette aristocrat­ie-là est toujours en place et ce n’est pas normal, c’est même un scandale. D’ailleurs la Révolution, c’était une révolution bourgeoise, le peuple a suivi mais en réalité c’est la bourgeoisi­e qui voulait récupérer des terres, par exemple.

Il y a quand même beaucoup de morts dans votre livre. Ce n’est pas Game of Thrones mais c’est pire que Les Sanguinair­es à Ajaccio. Pourquoi ? Il y a des morts violentes, surtout les deux premières au début du livre. Mais elles sont authentiqu­es. Je n’ai fait que raconter ce qui s’est réellement passé. À la fin, on reste un peu sur sa faim. D’où la question : y aura-t-il une suite ou passez-vous à autre chose ? Ah oui ! Je pense que je vais faire cinq ou six livres avec Gabriel Joly. Je ne m’arrêterais pas sans avoir révélé tout ce qu’il y a à révéler. J’en ferai peut-être même plus que cinq ou six. Tant que je m’amuse, je continue.

J’ai des liens avec toute une bande de Corses”

La Révolution, c’était une révolution bourgeoise”

Et donc le prochain ? Il se passera à la Comédie française qui, à l’époque, se trouvait au Théâtre de l’Odéon. Ça va être un huis clos genre meurtre à la Comédie française, un Agatha Christie à la Comédie française si vous préférez.

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