Agnès, chercheuse niçoise à New York : « La pandémie a eu un impact énorme »
Au printemps dernier, la Niçoise Agnès Viale, new-yorkaise d’adoption depuis vingt-cinq ans, ne mâchait pas ses mots quant à la gestion de l’épidémie de la Covid-19 par le président Donald Trump. Chercheuse dans un grand laboratoire, elle évalue l’incidence de la crise sur l’élection présidentielle, dans l’attente des résultats définitifs.
Quel est votre sentiment par rapport à toute cette confusion électorale ?
Ma grand-mère Louise avait un dicton italien, qu’elle me répétait souvent : “Chi va piano, va sano. Chi
va sano, va lontano”. Parfois, il vaut mieux prendre son temps et finir victorieux que de se presser à proclamer un vainqueur qui ne sera finalement qu’un loser. Je suis vraiment troublée par le nombre d’Américains qui ont choisi de voter pour le président sortant, un homme qui a excellé à diviser la population. Quel que soit le vainqueur, nous sommes tous perdants.
Quel a été l’impact de la pandémie sur le scrutin ?
Enorme ! Pour éviter d’avoir trop de monde dans les bureaux de vote le novembre, des millions d’Américains ont voté avant. À Manhattan par exemple, les bureaux de vote ont ouvert le octobre. Je suis allée voter le , il m’a fallu presque quatre heures. Monmariyestalléleàhdu matin : plus de trois heures de queue, sous la pluie ! Beaucoup de citoyens ont aussi voté par correspondance. C’est maintenant évident que la plupart des Américains ayant voté avant sont des supporters de Joe Biden.
Quelle est la situation sur le front de la Covid aux Etats-Unis ? Elle est catastrophique dans presque tous les Etats, sauf dans le Nord-Est. Cette deuxième vague aurait pu être contenue d’une façon bien plus efficace si nous avions eu un leader digne de ce nom. La preuve en est, dans l’Etat de New York : notre gouverneur Andrew Cuomo a fait un boulot fantastique depuis la mi-mars. En communication constante avec les médecins, les chercheurs et la population, il a décidé pour New York une réouverture en quatre phases jusqu’à la fin septembre. Manhattan, avec sa population très dense, a rouvert beaucoup plus lentement que les régions rurales. Dès que le taux de nouveaux cas passe au dessus de %, les écoles, les restaurants, les salles de sports referment. Il y a aussi des mesures pour les personnes qui reviennent d’un État fortement touché par l’épidémie, avec deux tests obligatoires à cinq jours d’intervalle.
Qu’attendez-vous du vainqueur pour contenir l’épidémie ? Joe Biden, sans aucun doute, adoptera une approche basée sur ce que l’on a appris au cours des sept derniers mois. C’est un homme qui a toujours consulté les experts avant d’agir, quel que soit le domaine. Pendant sa campagne électorale, il a présenté un plan en faveur du port du masque et des gestes barrières, mais aussi des investissements importants pour développer des tests rapides, et des mesures fédérales pour accompagner la réouverture après la seconde vague.