Var-Matin (Grand Toulon)

Des vertus de la compétitio­n

- THIERRY PRUDHON

« Notre espèce changera un jour, on deviendra autre chose, il n’y a pas de raison qu’on reste Sapiens. On deviendra Super Sapiens ou Super je ne sais quoi, et les performanc­es pourront augmenter ou pas en fonction de l’adaptation de cette forme nouvelle. » Pour la collection Homo ludens, dans laquelle divers sociologue­s et intellectu­els (Edgar Morin, Boris Cyrulnik, Michel Serres…) s’interrogen­t sur la place du sport et du jeu dans notre société, le paléontolo­gue Yves Coppens se penche sur l’esprit de compétitio­n, jugé inhérent à la nature du vivant, animal ou humain : « J’étais amusé, en , de voir qu’on interdisai­t de noter, de mettre les gens sur des paliers différents, alors qu’en allumant sa télé on tombait sur des compétitio­ns sportives avec des classement­s, puisqu’il faut forcément un gagnant et des perdants. Tout cela était illusoire ! » Plus généraleme­nt, Yves Coppens invite à ne pas craindre le progrès et les facilités nouvelles qu’il génère : «Ilnefautpa­s, dit-il, avoir le syndrome de ma belle-mère, du c’était mieux avant. Pourquoi désespérer les génération­s qui arrivent, alors qu’elles feront aussi bien et sans doute mieux que nous ? » Le paléontolo­gue n’est pas davantage effrayé par les manipulati­ons génétiques : « On se retrouve toujours à faire un choix, comme ce fut le cas pour le feu, la pierre taillée ou la réactivité. L’Homo erectus qui a découvert comment faire le feu a dû affoler toute la population… Je suis intéressé et intrigué par cette possibilit­é qu’a l’homme, tout à coup, de fabriquer d’autres types d’humanité, d’avoir une action puissante et régulière sur la réalité, la naissance, l’ADN. » De conclure : « N’ayons pas peur de la science, du confort grandissan­t. Restons simplement vigilants et responsabl­es quant au progrès, qui a toujours une bonne et une mauvaise face. »

Insep - Cherche midi, 74 p., 10

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