Des vertus de la compétition
« Notre espèce changera un jour, on deviendra autre chose, il n’y a pas de raison qu’on reste Sapiens. On deviendra Super Sapiens ou Super je ne sais quoi, et les performances pourront augmenter ou pas en fonction de l’adaptation de cette forme nouvelle. » Pour la collection Homo ludens, dans laquelle divers sociologues et intellectuels (Edgar Morin, Boris Cyrulnik, Michel Serres…) s’interrogent sur la place du sport et du jeu dans notre société, le paléontologue Yves Coppens se penche sur l’esprit de compétition, jugé inhérent à la nature du vivant, animal ou humain : « J’étais amusé, en , de voir qu’on interdisait de noter, de mettre les gens sur des paliers différents, alors qu’en allumant sa télé on tombait sur des compétitions sportives avec des classements, puisqu’il faut forcément un gagnant et des perdants. Tout cela était illusoire ! » Plus généralement, Yves Coppens invite à ne pas craindre le progrès et les facilités nouvelles qu’il génère : «Ilnefautpas, dit-il, avoir le syndrome de ma belle-mère, du c’était mieux avant. Pourquoi désespérer les générations qui arrivent, alors qu’elles feront aussi bien et sans doute mieux que nous ? » Le paléontologue n’est pas davantage effrayé par les manipulations génétiques : « On se retrouve toujours à faire un choix, comme ce fut le cas pour le feu, la pierre taillée ou la réactivité. L’Homo erectus qui a découvert comment faire le feu a dû affoler toute la population… Je suis intéressé et intrigué par cette possibilité qu’a l’homme, tout à coup, de fabriquer d’autres types d’humanité, d’avoir une action puissante et régulière sur la réalité, la naissance, l’ADN. » De conclure : « N’ayons pas peur de la science, du confort grandissant. Restons simplement vigilants et responsables quant au progrès, qui a toujours une bonne et une mauvaise face. »
Insep - Cherche midi, 74 p., 10