Dakuwaqa, le couteau fidjien
Ailier, troisième ligne, pourquoi pas centre... Le Fidjien de 26 ans est capable de jouer à presque tous les postes. Placé en 7 contre Brive, « Daku » s’est montré à son avantage. Il raconte
Du moment que je joue, peu importe que ce soit ailier, flanker ou centre, je m’en moque. Tout n’est que plaisir, tant que je suis sur le terrain ». Vendredi dernier, Masivesi Dakuwaqa foulait la pelouse de Mayol avec le numéro 7 dans le dos. Une première en match officiel. Mais l’idée ne date pas d’hier. « Patrice m’a dit qu’il aimerait bien me faire passer flanker, et je lui ai dit que j’étais d’accord pour jouer à toutes les positions. Je lui ai répondu “tu veux me mettre à un autre poste ? Qu’importe où tu me donnes ma chance, qu’importe où c’est, il n’y a aucun problème” », révèle le désormais troisième ligne. Patrice Collazo avait déjà eu le nez creux à La Rochelle en « transformant » un autre Fidjien, Levani Botia, en troisième ligne. Il a donc remis le couvert avec « Daku ». « Je n’ai rien inventé. Je lui ai juste demandé quel était son vrai poste. Après six mois de questionnement, il m’a avoué qu’il avait plus souvent joué troisième ligne qu’ailier ! Mais, c’est un truc auquel on pensait depuis l’an dernier », plaidait Patrice Collazo, au coeur de l’été, après un match amical face à Grenoble durant lequel Dakuwaqa avait déjà muté à ce poste.
« Un joueur hybride »
Depuis, ce dernier a fait quelques entrées en jeu dans son nouveau rôle, retrouvant également l’aile par moments. Avant cette titularisation face à Brive. « Je me suis bien senti, même si ça demande du travail. J’ai déjà évolué à ce poste dans les catégories de jeunes, mais je m’y sens mieux aujourd’hui, même s’il va falloir continuer d’apprendre. Mais j’apprécie, j’y touche plus de ballons, je plaque plus, je pense que je fais davantage de boulot d’autant plus que j’aime le jeu physique et participer au jeu », confie le Fidjien. Ainsi, pour sa première, il a fait forte impression face au CAB. « Je l’ai vu très bon sur la ligne de front, convenait Patrice Collazo dans les travées de Mayol. Ila fait une performance solide avec deux ou trois grattages. Tout ce qu’il a attrapé en un contre un, ça a été arrêté net, voire renvoyé dans le camp adverse. » «Daku »« le faux trois-quarts et le faux avant », comme le définit son coach. Même si le manager toulonnais trouve qu’il « a plus la mentalité d’un avant. On le considère comme un joueur hybride, un électron libre sur le terrain ». Partenaire particulier en troisième ligne face à Brive, Sergio Parisse a guidé son coéquipier et juge la performance de son numéro 7 plus qu’encourageante. « Il a gratté plusieurs ballons, il est très solide physiquement. Il a largement le gabarit pour jouer en troisième ligne. On a essayé de ne pas trop l’utiliser en touche car ce n’est pas simple pour lui. Mais pour une première à ce poste, je pense qu’il a vraiment réussi son match. »
Pour cela, le garçon de 26 ans a « facilement switché ». Une habitude pour lui, tant il a bourlingué sur les terrains.
« J’ai même joué talonneur »
« Quand j’avais 19 ans, je jouais numéro 10. Puis je suis passé en 7. Je peux jouer à toutes les positions, à part pilier, talonneur et demi de mêlée (rires). Enfin, j’ai déjà joué talonneur par le passé, mais par rapport à mes yeux, on a préféré me replacer flanker », s’amuse le natif de Nadi, sur l’île principale de Viti Levu aux Fidji. « Daku » l’insaisissable. Le seul à avoir le choix du roi pour ses séances de musculation. Avec les avants ou les trois-quarts... selon son humeur. Même si « les deux dernières semaines j’étais uniquement avec les avants. C’est assez simple finalement, car j’étais avec eux durant la pré-saison et les matchs amicaux, même si je suis finalement revenu à l’aile en début de saison. » Sa polyvalence et son adaptation réussie dans son nouveau costume offrent en tout cas des choix supplémentaires à Patrice Collazo et son staff. Revers de la médaille, comme pour tous les joueurs capables de couvrir plusieurs postes, il risque de goûter plus que de coutume au banc. Histoire de pouvoir jouer les pompiers de service aux quatre coins du terrain si le besoin se fait sentir. Pas un problème cependant pour ce soldat au service du collectif. Alors, même si son avenir est désormais très incertain sur les bords de la rade (lire ci-contre), « Daku », le fan de basket qui, avant le confinement, avait pour habitude de travailler sa précision balle en main sous les paniers du Mourillon ou du stade Léo-Lagrange, n’aura jamais triché sous le maillot rouge et noir. Quitte à tout changer.