Fontaines du Cannet, elles coulent de source
L’eau est à la fois source de vie, de pureté et de richesse. Et comme le village en fut longtemps privé, dès leurs installations, les fontaines sont devenues facteurs de lien social.
Avant que l’eau courante n’entre dans les maisons, tous se retrouvaient à la fontaine pour se désaltérer, laver le ligne, faire la vaisselle et surtout deviser sur les potins du village. Le Cannet n’a pas échappé à la règle et, entre la fontaine de la Perée, à Sainte-Catherine (fin du XVIe siècle, disparue aujourd’hui) et celle située à l’angle Cdt Lamy / Bd Carnot (1908), la ville s’est vue dotée d’une quinzaine de fontaines. De styles et d’architectures différents (lire encadré), elles proposent un parcours qui, au fil de leur histoire, raconte celle de la commune. Bien qu’habité dès l’Antiquité et appartenant aux moines de Lérins au Moyen-Âge, la véritable naissance du Cannet commence par l’arrivée de familles italiennes qui, en installant leurs fermes autour des points d’eau et des terres cultivables, créent de petits hameaux baptisés chacun du nom de leur fondateur. Ces petites agglomérations vont rapidement s’agrandir jusqu’à former un gros bourg qui, divisé en quartiers tout en gardant leur nom originel, vont constituer le Vieux-Cannet.
Chaque quartier veut sa fontaine
L’eau est présente, mais difficilement accessible. Pourtant ce n’est qu’en 1832 que le bourg se dote de deux premières fontaines, celles des Calvys, place Bellevue et celle des Escarasses, rue Saint-Sauveur. Alors que s’achève l’installation de cette dernière, les habitants des autres quartiers revendiquent à leur tour le droit d’en avoir une, prétextant un débit insuffisant et l’éloignement de celles déjà existantes. Aussi en 1835, le maire Jean-Antoine Perrissol (maire de 1845 à 1868) décide l’installation de trois nouvelles fontaines, à l’extrémité de l’avenue du Chemin Neuf ; au hameau des Gourrins et à SainteCatherine. Cette implantation attise le mécontentement des habitants des Danys qui se sentent défavorisés. En 1837, le nouveau maire Joseph Bernard (maire de 1838 à 1840) décide une répartition plus juste et équitable de l’eau. Pour ce faire, il se porte acquéreur de la source de Font de Gallou situé dans le quartier époyme. Et, en février 1839, il est décrété la construction de quatre fontaines : hameau du Pas de Gallou, déplacée en 1885 ; aux Gourrins, rue Victor Hugo ; aux Michels, rue des Michels et enfin à Sainte-Catherine. Une fois encore, les Danys et les Ardissons se sentent lésés. En mai 1862, ils se plaignent d’être privés d’eau alors « que les autres hameaux du village en jouissent largement depuis plus de 20 ans ». Tant pour apaiser les esprits que pour satisfaire à l’arrivée croissante des hivernants dans des quartiers jusque-là déserts, il est voté l’installation de trois nouvelles fontaines : aux Danys ; aux Ardissons qui d’accès peu pratique sera déplacée rue Saint-Sauveur en 1888 et au hameau du Cros. Pour couvrir les frais de leur construction, la ville décide de procéder à la vente de l’eau destinée à l’irrigation. Au fil de l’extension de la commune, d’autres demandes affluent.
Désaltérer les extensions de la ville
Des pétitions parviennent au conseil municipal qui souhaite offrir à ses administrés « le maximum de confort et de salubrité » .En 1895, la ville crée la fontaine du Four à Chaux au coeur d’un quartier devenu très habité – aujourd’hui Rocheville. En septembre 1902, la commune commande de nouvelles fontaines à l’architecte communal Henri Stoecklin : rue centrale, à l’arrivée des tramways ; à l’angle de la rue du Commandant Lamy et du bd Gambetta. Elles seront toutes achevées en 1908. Au fil du temps, nombre d’entre-elles vont connaître transformations et déplacements pour s’adapter aux nécessités des habitants. Puis, alors que débute l’aventure de l’eau potable, les fontaines vont perdre leur rôle de lien social, mais rester des pages d’Histoire.
L’implantation des fontaines a occasionné bien des querelles de clochers”