Var-Matin (Grand Toulon)

Les huîtres de Jean-Christophe Giol au creux de la vague

- M. G.

Pour l’ostréicult­eur de Tamaris, triplement médaillé au Concours général agricole (1), la situation est compliquée. « C’est même plus critique qu’au printemps », assure Jean-Christophe Giol, qui dit enregistre­r un « gros manque à gagner ». « Je devrais finir le mois de novembre avec 30 à 40 % de perte. La raison principale, c’est la fermeture des restaurant­s alors que, ces dernières années, j’ai misé sur les chefs étoilés pour valoriser mon produit et me démarquer. Mais la filière est à l’arrêt, certains de mes partenaire­s qui accueillen­t une clientèle internatio­nale, à Nice et à Monaco, sont mêmes fermés depuis fin septembre ».

Outre le coup de frein sur la clientèle profession­nelle, les particulie­rs ne se précipiten­t pas non plus pour acheter des huîtres. Du coup, le stock gonfle. « Certes, notre produit n’est pas périssable. Mais comme les huîtres restent en mer, elles continuent à grossir, ce qui n’est pas idéal car les grosses sont moins demandées… »

Du stock pour les fêtes

La hausse des stocks aura d’ailleurs une influence sur le chiffre d’affaires : «On voit déjà que, sur les bassins de production de Thau et Arcachon, il commence à y avoir une baisse des prix. Si on doit maintenant brader nos produits… » se désole Jean-Christophe Giol. Dans le contexte incertain, une chose est tout de même sûre : « Certaines années, on est à flux tendus pour les fêtes de fin d’année. Là, on sait qu’on aura largement la quantité nécessaire ! » .Une maigre consolatio­n car une autre tuile se profile : l’annulation du salon de l’agricultur­e de Paris. « J’allais réserver un grand stand (plus de 30 m²) avec David Gomes, meilleur ouvrier de France en poissonner­ie. Tout tombe à l’eau, la vente sur place et le concours, ce sera une année blanche… ». Pour tenter de compenser ses pertes sur les huîtres, Jean-Christophe avait repris, lors du premier confinemen­t, la pêche avec son fils. « On continue de ramener trois fois par semaine des daurades, des rougets, des sars… pour faire un revenu de complément. Mais autant nous avions une bonne fréquentat­ion des clients au printemps, autant là, beaucoup moins… » 1. L’huître « spéciale » Giol a décroché deux médailles d'argent au Salon de l'agricultur­e de Paris en 2017 et 2018, et une médaille d'or une 2019.

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(Photo DR) Jean-Christophe Giol et son fils travaillen­t sans relâche, mais les clients se font rares.

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