Préserver le patrimoine
La Méditerranée a-t-elle changé ces dernières décennies ? Gilbert Pasqui, fondateur du Chantier naval Pasqui :
Il y a eu une prise de conscience. Quand j’étais jeune et que je naviguais, on trouvait du plastique, du verre et même des bouteilles de méthane balancées par des bateaux... Aujourd’hui, les gens de la navigation ont compris. Pour ceux de la plage, il faut encore faire de l’éducation... Après la tempête Alex, j’ai vu des enfants rejeter le bois charrié à la mer. Et les parents ne disaient rien...
Les ports sont-ils plus propres ? Oui, ils font la chasse à ceux qui travaillent sur les bateaux. Ils ont mis des containers à disposition pour les déchets, c’est bien. Même si entre nous, on faisait déjà attention. Parce que quand on travaille sur les bateaux, on est passionné par la mer.
C’est un métier qui allie passion et préservation ?
Ça résume bien la restauration de vieux gréements. Aujourd’hui, on compte 1 030 « jolis bateaux » en Méditerranée et on est un chantier mondialement connu. Là, je restaure un bateau que mon père a construit au chantier naval à La Réserve à Nice en 1954... Ce sera mon dernier travail, la boucle est bouclée. On a ces bateaux en héritage, il faut en prendre soin. On est d’ailleurs labellisé entreprise du patrimoine vivant. Là, on en refait un qui a 103 ans et on change la coque d’un qui date de 1935... Ce sont des bateaux de légende, qui ont des histoires extraordinaires. Et puis, c’est un secteur où il n’y a pas de chômage ! On a embauché trois apprentis et j’ai trois ouvriers qui sont là depuis vingt ans. Bon, il faut tenir le coup aussi [rires] . Ça prend dix ans pour se former.
Comme pour faire médecine... C’est exactement ça : on est des chirurgiens de bateaux !