Var-Matin (Grand Toulon)

Procès Daval: «Bon séjour en prison Jonathann», lance la mère d’Alexia

A la barre de la cour d’assises de Haute-Saône, Isabelle Fouillot s’est élancée, hier, dans une ultime confrontat­ion pour tenter de faire éclater toute la vérité. En vain

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Jonathann Daval s’est dit prêt à « payer » pour le meurtre de sa femme Alexia, hier, devant les assises de Haute-Saône après un face-à-face avec la mère de la victime qui, dépitée de ne pas obtenir de réponses à ses questions sur le « pourquoi » de ce crime, lui a lancé un « adieu » glacial.

« J’ai plus d’avenir », a déclaré l’informatic­ien de 36 ans qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre en octobre 2017 de sa femme Alexia au terme de ce procès qui doit s’achever aujourd’hui.

« Je ne me suis jamais projeté au niveau de la peine », a-t-il encore répondu à l’avocat général Emmanuel Dupic qui lui demandait « comment il voyait la suite » de sa vie une fois sorti de prison.

« Je dois payer »

« Peu importe, je dois payer pour les actes que j’ai commis », a ajouté le trentenair­e lors de son interrogat­oire de personnali­té, avant que Me Caty Richard n’ouvre en fin d’après-midi les plaidoirie­s des parties civiles. Dans la matinée, Isabelle Fouillot, la mère d’Alexia avait tenté une dernière fois d’arracher les réponses aux questions qui la taraudent sur les circonstan­ces de la mort de sa fille. Refusant de croire qu’elle ait été tuée pour « de simples mots », comme le soutient Jonathann,

Isabelle Fouillot et son avocat, Me Gilles-Jean Portejoie.

elle a interpellé son ancien gendre lors d’un échange d’une grande intensité émotionnel­le. « Je pense qu’Alexia voulait s’en aller, c’est pour ça que tu l’as tuée ? », l’a-t-elle interrogé d’une voix douce, presque maternelle.

«Non», a répliqué l’accusé. « C’est une dispute, Isabelle, faut le croire [...] J’ai perdu pied. Tout est ressorti en moi, toutes ces années de colère, que j’ai emmagasiné­es, ces reproches », a-t-il soutenu, maintenant sa déposition de la veille. À bout d’arguments, Isabelle Fouillot lâche alors un triste : « Je te souhaite un bon séjour en prison, Jonathann. Adieu. » Autre moment particuliè­rement intense de cette journée : les images de la bouleversa­nte confrontat­ion entre les Fouillot et Jonathann Daval, le 7 décembre 2018, projetées devant la cour. Avant cette confrontat­ion, au terme d’un énième revirement, Jonathann était revenu sur ses premiers aveux, accusant même son beau-frère Grégory Gay d’être le meurtrier. Mais dans le huis clos du cabinet du juge d’instructio­n, Isabelle Fouillot avait trouvé les mots justes pour le faire craquer. « On te pardonnera [...] T’as pas tout perdu. Ce que je comprends pas c’est pourquoi on en est arrivé là ? Explique-moi s’il te plaît ? [...] c’est quoi le déclencheu­r ? », l’avait-elle exhorté. Jonathann avait alors cédé et avoué pour la seconde fois avoir tué Alexia, même s’il prétendait alors que ce n’était pas intentionn­el.

A genoux devant sa belle-mère

Survient ensuite cette scène bouleversa­nte : il se met à genoux devant sa belle-mère, elle s’approche, lui prend les mains, il se relève et ils se prennent dans les bras, en larmes. Des images que Jonathann Daval n’a pas voulu revoir hier, détournant le regard.

A la barre, la mère de Jonathann Daval, Martine Henry, a, elle, jugé que son fils s’était « libéré de quelque chose [...] depuis qu’il voit une psychologu­e ». « Il est mieux, il est plus serein. »

Le procès, qui devait s’achever hier, a pris un important retard. L’avocat général devrait prononcer, ce matin, son réquisitoi­re, avant que la défense ne plaide et que l’accusé n’ait le dernier mot. Les jurés et le président de la cour d’assises se retireront ensuite pour délibérer.

Le verdict est désormais attendu pour aujourd’hui, en fin de journée.

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(Photo AFP)

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