Var-Matin (Grand Toulon)

Attaque du Thalys : « j’ai tout de suite compris »

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L’ex-militaire Aleksander Skarlatos, l’un des trois Américains célébrés en héros pour avoir affronté le tireur du Thalys en août 2015, a raconté, hier, aux assises de Paris l’attaque qui a « changé sa vie ». « On aurait dû mourir ce jourlà» , résume Aleksander Skarlatos, 28 ans, devant la cour d’assises spéciale qui juge le tireur Ayoub el-Khazzani et ses coaccusés. Dans le Thalys AmsterdamP­aris ce 21 août 2015, Aleksander Skarlatos est assis côté fenêtre. « J’avais changé de place avec mon ami Spencer pour pouvoir regarder le paysage », raconte, via une interprète, Skarlatos, carrure large dans un costume bleu marine, cravate autour du coup, cheveux bruns coupés court. Les trois amis d’enfance passent cet été-là leurs premières vacances en Europe ; Aleksander Skarlatos, membre de la Garde nationale de l’Oregon, Spencer Stone, soldat de l’armée de l’air américaine, et Anthony Sadler, étudiant, 23 ans tous les trois. « J’ai entendu un bruit de déflagrati­on, et j’ai vu un employé courir à toute allure dans l’autre sens », se rappelle-t-il à la barre. El-Khazzani, 25 ans à l’époque, vient de tirer une balle dans le dos du passager qui le premier avait réussi à s’emparer de sa kalachniko­v. Skarlatos regarde à travers l’interstice entre les deux sièges, aperçoit le tireur, torse nu, se baisser et ramasser sa kalachniko­v au sol. « J’ai tout de suite compris. Le temps s’est arrêté, mon coeur a fait un bond dans ma poitrine. Et j’ai pensé “no fucking way” (y a pas moyen) ».

« On a vraiment eu de la chance »

« Spencer, go » lance-t-il à son ami assis côté couloir. Spencer Stone, qui a fait un malaise à son arrivée à Paris mercredi, est toujours hospitalis­é. Il sera entendu par la cour lundi après-midi si son état le permet. « Qu’est-ce qu’il se serait passé sans votre interventi­on ? », a demandé le président à Anthony Sadler. «Il aurait tiré sur tout le monde dans le wagon et je suppose qu’il serait ensuite passé au wagon suivant. »

Le président : « Ayoub elKhazzani dit qu’il était là pour viser les militaires américains. Y avait-il un moyen de savoir que vous êtes américains ? » Anthony Sadler hésite, rigole. « Eh ben... Spencer a une tête d’Américain. Mais non », dit-il, provocant des rires dans la salle. Une fois le tireur ligoté avec des cravates de passagers, Skarlatos examine la kalachniko­v.

« A ma surprise, une balle a été éjectée. Elle était percutée ce qui signifie que monsieur Khazzani avait tiré ».

« Vous connaissez bien les armes », rappelle le président. L’Américain a indiqué en posséder une vingtaine, dont une kalachniko­v.

« Les balles étaient de mauvaise qualité, je l’ai vu tout de suite », dit-il à la cour. «Ona vraiment eu de la chance ».

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(Photo EPA) Deux des trois héros américains : Aleksander Skarlatos et Anthony Sadler.

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