Messi sort de OLYMPIQUE HYÉROIS TPM la liste des sportifs de haut niveau
Jusqu’à fin octobre, il y figurait depuis vingt-quatre ans. Stéphane Messi, multimédaillé de tennis de table handisport, et membre de l’Olympique hyérois Toulon Provence Méditerranée (OHTPM), n’apparaît plus sur la liste des sportifs de haut niveau (SHN). Le champion olympique 2004 à Athènes, actuel 13e mondial et champion de France en titre (classe 7), n’en revient pas.
« On me condamne à mort »
Il a été déclassé de la catégorie la plus haute « élite » (SHN) et intègre celle des sportifs des collectifs nationaux (SCN). « Ce qui implique que je ne peux plus m’entraîner en dehors du département du Var pendant la période de confinement (1). Je vais perdre ma convention d’insertion professionnelle (CIP). Grâce à cela, le ministère des Sports et la Fédération française handisport (FFH) dédommageaient financièrement mon employeur TPM de mes absences dues aux stages ou aux tournois. Je n’obtiendrai plus ma bourse annuelle de 3 000 euros de la région Sud-Paca dédiée aux sportifs de haut niveau en vue des Jeux de 2024 en France. Et je ne serai plus prioritaire sur l’inscription des prochaines compétitions internationales. En résumé, on me condamne à mort », s’insurge Stéphane Messi.
De plus, son partenaire de club Kévin Dourbecker (15e mondial, classe 7) a lui aussi été déclassé. Mais de la catégorie « élite » à « relève », lui permettant de se maintenir sur la liste SHN. Alors le Hyérois de 47 ans ne comprend pas, puisqu’il estime avoir toujours un excellent niveau.
« J’ai remporté les internationaux du Chili en janvier 2020 en sortant le numéro 5 mondial. En Égypte, j’ai battu les numéros 8 et 9. Et en août 2019 au Japon, je perds contre le numéro 1 seulement 11-9 à la belle... Je pensais que mon âge était en cause, mais là encore en tennis de table et dans d’autres sports comme l’escrime, des athlètes plus vieux figurent sur ces listes... J’appelle ça du clientélisme. » Des mots forts pour une situation inexplicable et inextricable ? « Les critères d’accès à cette liste SHN sont établis conjointement par les fédérations avec le ministère et elles se basent uniquement sur les résultats sportifs, explique Stéphane Lelong, directeur sportif du tennis de table de la FFH. Par exemple, la catégorie “élite”, renouvelée tous les deux ans, est réservée aux athlètes qui ont atteint au moins une demi-finale aux championnats du monde. Ce qui était le cas pour Stéphane et Kévin par équipe en 2017. »
À cette époque, le ministère des Sports avait d’ailleurs oublié de les inscrire dans cette catégorie. « L’erreur a été corrigée en les réinscrivant en novembre 2018, jusqu’au 31 octobre 2020, poursuit Stéphane Lelong. Pendant cette période, ces deux joueurs n’ont pas obtenu les résultats nécessaires pour continuer à y figurer. »
« Garder un suivi »
Des résultats qui conduisent les pongistes à être rétrogradés, voire ne plus apparaître sur la liste SHN pour le cas de Stéphane Messi ? « On peut totalement sortir des listes en fonction des performances liées à des compétitions majeures précises et non pas en fonction d’un classement mondial. Mais nous avons pu l’inscrire sur cette liste des collectifs nationaux pour qu’il ne disparaisse pas complètement. Afin, notamment, de garder un suivi avec lui. Le but étant qu’il soit repris en équipe de France sur une compétition de référence. En étant performant, il réintégrera une des trois catégories SHN : “élite”, “senior” ou “relève”. » Dans une lettre envoyée au ministère des Sports le 2 novembre, Thierry Garofalo, manager du OHTPM, se plaignait : « Mes athlètes sont lésés et blessés par cette non-reconnaissance de leur fédération [...] Ils doivent passer par la catégorie “senior” et non être délaissés, humiliés ! » Mais les points de vue divergent. « À l’échelle de la commission sportive tennis de table handisport, nous n’y pouvons rien, indique Stéphane Lelong. Même si je compatis vraiment avec la situation dans laquelle se retrouve Stéphane. » Malgré un contexte différent, rappelons qu’en 2011, Messi avait eu gain de cause devant le Comité national olympique et sportif français après sa non-sélection aux championnats d’Europe. La balle est dans son camp.
1. Les personnes en situation de handicap peuvent continuer à pratiquer sans être sur la liste SHN.