Cannes : parcours spécifique pour les plus de 75 ans, réorientation vers la médecine de ville… Les urgences hospitalières innovent
Depuis le 11 mars, le Dr Élodie Winter est à la tête du service des Urgences de l’hôpital de Cannes, mais aussi du Smur et de l’UHCD. Et cette familière des Urgences n’a pas beaucoup attendu avant de bâtir plusieurs projets destinés à améliorer la prise en charge des patients. À commencer par les plus âgés, patientèle surreprésentée aux Urgences.
Parcours dédié pour les plus de 75 ans
Le Dr Winter détaille ce projet sélectionné par l’Agence régionale de santé (ARS) : « On souhaite créer une filière spécifique pour les plus de 75 ans – qui constituent aujourd’hui 21 % des admissions aux urgences – avec comme objectif de limiter déjà le passage par ce service, et s’il n’y a pas d’alternative, que ce séjour soit le plus court possible. Les familles, et c’est parfaitement compréhensible, supportent très mal de voir le proche âgé rester des heures sur un brancard. Et plus grave, on sait que ce temps passé sur un brancard accroît le risque pour cette population, de morbi-mortalité
[mortalité due à leurs maladies, ndlr], quel que soit le motif pour lequel ils ont été conduits aux urgences. »
Présente sur place, une infirmière de gériatrie aiguë, en lien avec un gériatre et les services hospitaliers, fera le point de la situation aussitôt que la personne âgée est accueillie aux urgences. « La suite de la prise en charge est définie, en accord avec la cadre du service et une assistante sociale, mais aussi évidemment avec le médecin traitant et les aides à domicile. Il s’agit aussi d’éviter autant que possible un placement en Ehpad dans l’urgence, qui n’est jamais souhaitable pour la personne. »
De la « bonne utilisation des urgences »
Les médecins de ville disposent par ailleurs d’une hotline privilégiée qui leur permet d’entrer en contact facilement avec les gériatres hospitaliers. L’autre grand projet, sélectionné cette fois par la DGOS (direction générale de l’offre de soins), concerne la réorientation des patients depuis les urgences. Il est en lien avec une observation récurrente : 15 à 20 % des personnes qui consultent aux urgences relèvent de la médecine générale. « Il s’agit de réorienter au moins la moitié de ces patients vers la médecine générale, pour une bonne utilisation des urgences », résume le Dr Winter, avant d’illustrer son propos : « Beaucoup de patients justifient leur venue en nous expliquant que leur médecin est absent, ou qu’ils sont en vacances dans la région, ou encore qu’ils n’ont pas de médecin traitant etc. Et comme ils ne se sentent pas bien, ils cherchent une réponse ; lorsqu’on n’est pas médecin, difficile de savoir si ses symptômes relèvent ou pas de l’urgence ! Notre projet consiste à trouver des plages horaires chez des médecins généralistes volontaires, dédiées à ces patients. Une infirmière d’orientation à l’accueil évaluera, en se référant à un médecin, si le patient relève plutôt d’une prise en charge par un médecin généraliste. Si c’est le cas, elle lui trouvera un rendez-vous dans un délai court chez un des généralistes participant au projet. » Très original et prometteur, le dispositif devrait permettre de désengorger les Urgences et permettre aux soignants de se concentrer sur les patients les plus lourds. « On espère éviter ainsi la surpopulation du service, aussi anxiogène pour les soignants que pour les patients. Se retrouver, lorsque l’on est victime par exemple d’un simple traumatisme de la cheville, à côté d’un patient sous perfusion, ou d’une personne en proie à de graves troubles psychiques, peut être vécu douloureusement. » L’alternative : un circuit court, et une prise en charge améliorée pour tous les malades, du plus grave au bénin.