Var-Matin (Grand Toulon)

Autour du deal à La Seyne la mémoire se fait courte

Quinze prévenus, dont quatre femmes, ont comparu hier à Toulon, au premier jour d’un procès dans le milieu du trafic de stupéfiant­s. Très proches du déni

- SO. B.

Rarement les premiers bancs de la salle d’audience toulonnais­e furent aussi bondés que ce lundi matin, à l’ouverture d’un procès pour trafic de stupéfiant­s à La Seyne. Quinze prévenus ont comparu pour la première fois devant une chambre correction­nelle spéciale, également saisie de faits de détention d’armes et d’associatio­n de malfaiteur­s. Quatre suspects sont incarcérés, les onze autres libres sous contrôle judiciaire, dont quatre femmes.

« Lutte non de classes mais de clans »

« Il faut savoir que les faits s’inscrivent dans le cadre de règlements de comptes dans la cité Berthe. Une lutte non pas de classes, mais de clans », a indiqué la présidente. Et de rappeler le contexte des quatre meurtres commis d’octobre 2017 à septembre 2018 (notre édition d’hier). La juge situe « ce qu’il se dit dans la cité », sur le ou les commandita­ires de ces assassinat­s.

Or, « les deux clans rivaux portent le même nom, Gomis, mais n’ont aucun lien de parenté ». Dans la cité Berthe, tout le monde le sait. Les prévenus commencent à défiler à la barre. Et soudain, l’audience semble s’enliser. C’est que la mémoire est courte, voire récalcitra­nte. Et donne l’apparence du déni.

« Je ne crois rien »

Celui qui est présenté par l’accusation comme le chef d’un réseau structuré, surnommé « la colonne », atténue la portée de toutes les conversati­ons qu’il tient au téléphone depuis la prison. « Ça ne veut rien dire du tout », « je ne crois rien », « ça ne me regarde pas ». Balançant sa longue silhouette, il répète qu’il était dans sa cellule, au moment où les policiers passaient au crible son entourage. « Bien que vous soyez incarcéré, on attend de savoir ce que vous dites, on vous consulte avant de faire les choses », rétorque la présidente.

Puis se lève un ami du premier, suspecté d’avoir tenu le point de deal, pendant la détention du chef. Les yeux juvéniles, il s’avachit sur la barre. « Tenez-vous droit », demande le tribunal.

Qu’on lui parle d’argent, de drogue, de milliers de kilomètres faits en quelques jours avec une voiture de location ou d’allers-retours dans la cité des Oliviers à Marseille, « il ne se souvient de rien »,« il ne sait plus ». Sur une écoute téléphoniq­ue, on entend : « Il n’y a plus rien là-bas, ni noir, ni blanc. » Cannabis et cocaïne à recharger pour le point de deal ?

Non, projet de vente de sandwichs ! « Paquets noirs : sauce barbecue. Paquets blancs : mayonnaise », avait appris le tribunal un peu plus tôt.

Clé sécurisée

Dans un appartemen­t nourrice, dont l’ami a « la clé sécurisée », sans savoir d’où il la tient, ont été trouvées armes – fusil d’assaut, revolver et munitions –, petites quantités de drogue, sachets à zip et couteaux noircis. « Quand vous dites que vous ne savez pas, vous voulez dire que vous n’avez aucun souvenir du passé ? », s’enquiert le procureur. L’audience est prévue toute la semaine.

 ?? (Photo So. B.) ?? Ouverte fin , l’informatio­n judiciaire sur les stups seynois n’en est pas moins volumineus­e.
(Photo So. B.) Ouverte fin , l’informatio­n judiciaire sur les stups seynois n’en est pas moins volumineus­e.

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