Trois ans de prison pour le chauffard de Saint-Mandrier qui a blessé deux policiers
Le motard qui avait laissé une joggeuse pour morte après l’avoir percutée en juin 2018 sur une route de Saint-Mandrier a fait son retour devant le tribunal correctionnel de Toulon. Et, par ricochet, à la prison de La Farlède. Jean-Daniel Levan a été condamné hier à trois ans de prison ferme.
Le quadragénaire était visé par une enquête de la brigade de sûreté urbaine (BSU) du commissariat de La Seyne après avoir faussé compagnie, en août dernier, à des policiers municipaux lors d’un contrôle routier à Saint-Mandrier. Il faut dire que son permis de conduire a été annulé par la justice lors du procès pour la joggeuse renversée (il avait été condamné en appel à trois ans de prison ferme et avait bénéficié d’une libération conditionnelle en mars dernier).
« Je suis sorti comme un rugbyman »
La semaine dernière (lire nos éditions de samedi), des policiers s’apprêtaient à l’interpeller alors qu’il était au volant d’une voiture de location. Jean-Daniel Levan effectuait une manoeuvre pour stationner cette Audi A3 devant son domicile quand deux fonctionnaires lui ont demandé de sortir du véhicule. « Je suis sorti comme un rugbyman pour aller chez moi », lance-t-il aux juges en contestant avoir pris le volant (un ami se trouvait côté passager). Le prévenu pensait se mettre à l’abri des poursuites en franchissant les limites de sa propriété…
Le chauffard, pourtant mis en joue par l’un des deux policiers, s’est ainsi lancé dans un placage insensé. L’adjoint de sécurité (ADS) a alors rangé son arme de service pour porter secours à son collègue aux prises avec Jean-Daniel Levan. Celui-ci a sorti un couteau et a blessé le policier à un doigt.
Les policiers ont effectué au moins trois tirs de pistolet à impulsion électrique. « Je t’ai dit que ta merde ne marche pas sur moi », leur a-t-il lancé en arrachant les fils électriques accrochés à son torse. De quoi l’interroger sur une éventuelle prise de drogue. « Je suis comme ça naturellement, ça n’a pas marché sur moi… »
« Une absence totale de remise en question »
Cette force de la nature a finalement été menottée à un barreau du portail de sa résidence. Il s’est alors emparé d’une clé à molette qui traînait là pour tenter de se défaire de cette entrave. L’ADS, déjà blessé au doigt, a été mordu à l’autre main quand il s’est approché… « Je n’ai porté aucun coup volontaire, j’ai juste voulu ne pas être menotté », se défend le prévenu. Les renforts de police sont arrivés. L’homme a finalement été maîtrisé et emmené au commissariat tandis que les deux policiers ont été conduits à l’hôpital par les pompiers. Lors de la perquisition à son domicile, les enquêteurs ont saisi deux armes – un fusil de chasse et une carabine – et une petite quantité de cannabis. Des traces de cocaïne ont aussi été mises au jour.
Face aux dénégations du prévenu, le procureur Thibault Appert a fustigé « un sens de la responsabilité qui n’existe pas », « des éléments d’explication inaudibles et intolérables »et « une absence totale de remise en question ».
C’est dire si la mission de la défense s’est avérée délicate. « Personne n’a envie de porter un regard clément sur M. Levan », a reconnu Me Caroline Malaga, plaidant pour « une peine mixte », histoire de ne pas obérer les capacités de son client – qui gagne sa vie entre La Seyne (conchyliculture) et le Portugal (vente de bateaux) – à continuer d’indemniser la mère de famille qu’il a renversée il y a deux ans.