Var-Matin (Grand Toulon)

Jim Morrison dans les yeux de Patrick Coutin

Près de cinquante ans après sa mort, le leader des Doors reste un mythe du rock et le symbole d’une époque. Le chanteur Patrick Coutin lui consacre un livre personnel et sensible.

- JIMMY BOURSICOT jboursicot@nicematin.fr

Grâce à J’aime regarder les filles, son increvable tube sorti en 1981, Patrick Coutin assure avoir eu « une vie assez incroyable ».

Ce succès, évidemment, n’a rien de comparable à celui des Doors, formation culte du rock. Pourtant, pour commencer Jim Morrison et les Doors, un ouvrage paru dans la collection Les Indociles des éditions Hoëbeke, le Français a décidé de se mettre en scène.

Entre utopie et cauchemar

Péché d’orgueil ? Plutôt un moyen de planter le décor et de faire ressentir le pouls d’une époque où le rêve semblait encore permis, « même si la réalité a parfois tourné au cauchemar ». Plus qu’une biographie, le livre est marqué par ce regard personnel et sensible de l’auteur.

Les sixties sont terminées, nous sommes le 9 juillet 1971. Quatre jours plus tôt, Jim Morrison est mort à Paris, à vingt-sept ans. Patrick Coutin, dix-neuf ans, n’a pas encore appris la nouvelle. Il s’est embarqué du côté de Deià avec un pote. Ce coin des Baléares, faisant pourtant partie de l’Espagne franquiste, est un spot accueillan­t pour «cet avatar de révolution qu’est rock ». Anarchiste­s, maoïstes et communiste­s s’y retrouvent, tout comme d’anciens nazis. Sous le soleil écrasant, Coutin et son ami fument du hasch. À côté d’eux, un petit groupe s’installe. Les pistes de L.A. Woman leur servent de bande-son pour une injection d’héroïne. le

Vivre vite, mourir jeune

Une fois Morrison enterré au PèreLachai­se, c’est déjà un peu la fin de l’utopie et de l’âge d’or du rock’n’roll. Les Doors et leur leader si charismati­que y ont largement contribué. « Quand Light My Fire, leur premier album, est sorti, on est entré dans une autre dimension. Les Beatles, qui dominaient le monde, étaient de gentils garçons. Alors que dans les paroles des Doors, il y avait un côté provocateu­r, sexuel », estime Patrick Coutin. Dans sa forme originale, l’existence des Doors aura été très brève. Entre son premier album, The Doors , et L.A. Woman, dernier disque sorti du vivant de Morrison, il se sera écoulé cinq ans. Dans ce laps de temps, un parfum de scandale flotte à chaque fois lorsque le groupe californie­n est dans les parages. Et, évidemment, Morrison y est pour beaucoup. « C’était une bête de scène et un véritable manipulate­ur. Il s’amusait à exciter le public, puis à le calmer. En privé, il était difficile à saisir, adorable ou détestable selon le moment. Aujourd’hui, on dirait sans doute qu’il avait une maladie psychologi­que. Mais autour de lui, personne ne s’intéressai­t vraiment à cette souffrance. Il était indiscutab­lement traumatisé par son enfance. » Alors qu’il avait tant désiré devenir célèbre, Jim Morrison mettra autant d’énergie à démolir son image de sex-symbol, et à se détruire tout court.

« Un formidable poète »

Les circonstan­ces exactes de la mort de l’Américain ne passionnen­t guère Patrick Coutin. En revanche, celui-ci porte beaucoup d’intérêt aux talents d’écriture de Morrison.

« On le décrit souvent comme un alcoolique, un drogué, un malpoli qui sautait sur tout ce qui bougeait. Mais il avait aussi un quotient intellectu­el énorme et il lisait énormément. Quand il part de Los Angeles, il veut quitter les Doors et il va à Paris en pensant à Rimbaud, Baudelaire ou Sartre, dont il connaissai­t très bien l’oeuvre. Après sa mort, de nombreux textes ont été publiés, c’était un formidable poète. »

‘‘ Il était difficile à saisir, adorable ou détestable selon le moment”

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(Photo Alain Frettet) Patrick Coutin.
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Jim Morrison et les Doors. Patrick Coutin. Éditions Hoëbeke.  pages. 

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