Var-Matin (Grand Toulon)

Affaires des « écoutes » : le procès reporté à jeudi

L’audience a été suspendue dès le premier jour en raison de l’état de santé de l’ancien magistrat Gilbert Azibert qui comparaît aux côtés de Nicolas Sarkozy et Me Thierry Herzog

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Faux départ au procès de Nicolas Sarkozy pour corruption dans l’affaire dite des « écoutes » : le tribunal a suspendu hier l’audience jusqu’à jeudi, le temps de réaliser une expertise médicale d’un des trois prévenus, l’ex-haut magistrat Gilbert Azibert. Saisi d’une demande de renvoi liée à la Covid-19 de la part de M. Azibert, appuyée par deux certificat­s médicaux, le tribunal correction­nel de Paris a ordonné une expertise afin « d’être pleinement informé de son état de santé ».

Selon les résultats, le tribunal devra décider jeudi en début d’après-midi de faire comparaîtr­e le prévenu via la visioconfé­rence (à laquelle la défense s’est opposée en bloc comme au procès de Charlie Hebdo, lire par ailleurs) ou de renvoyer l’audience. Près de sept ans après la révélation de l’affaire « Bismuth », Nicolas Sarkozy doit comparaîtr­e devant la justice, soupçonné d’avoir, avec son avocat Thierry Herzog, tenté de corrompre M. Azibert, alors en poste à la Cour de cassation.

Peu avant 13 h 30, l’ex-chef de l’État est arrivé pour l’audience face à une nuée de caméras, sans faire de déclaratio­n. Dans la salle d’audience, semblant à l’aise, il a salué les avocats et les procureurs financiers. Alors que la présidente Christine Mée déclinait son identité complète, Nicolas Sarkozy de Nagy Bocsa, le prévenu a répondu « Sarkozy, c’est suffisant » .Lamagistra­te a précisé que la procédure le prévoyait pour le casier judiciaire. En haussant les épaules, il a rétorqué : « Pour l’instant je n’ai pas eu besoin de l’utiliser ».

Les téléphones achetés à Nice

L’affaire, qui devait être examinée jusqu’au 10 décembre, trouve son origine dans un autre dossier judiciaire : les soupçons de financemen­t libyen de sa campagne présidenti­elle de 2007 qui lui valent une quadruple mise en examen.

Une mise sur écoute dans ce dossier avait révélé l’existence d’une ligne secrète entre l’ancien président et son avocat, ouverte sous le nom de « Paul Bismuth » - en réalité une connaissan­ce du lycée de Me Herzog, qui s’est constituée partie civile au procès.

Les enquêteurs, qui avaient notamment perquisiti­onné le domicile niçois de Me Herzog le 4 mars 2014, s’inviteront le même jour dans une boutique de téléphonie de la rue Masséna à Nice. C’est là que les deux téléphones avaient été achetés par Thierry Herzog. Le 22 février 2014, un appel avait « borné » près de la résidence du Cap Nègre où réside Nicolas Sarkozy. Ce bref échange varois avait confirmé au juge l’existence de cette ligne occulte.

Poste à Monaco

Selon l’accusation, certaines de leurs conversati­ons ont mis au jour l’existence d’un présumé pacte de corruption : Nicolas Sarkozy a envisagé d’apporter un « coup de pouce » à M. Azibert pour un poste à Monaco qu’il convoitait - et qu’il n’a jamais obtenu. En contrepart­ie, ce haut magistrat est soupçonné d’avoir fourni des informatio­ns couvertes par le secret sur une procédure engagée par l’ex-chef d’État devant la Cour de cassation en marge de l’affaire Bettencour­t.

L’ancien président encourt dix ans de prison et un million d’euros d’amende pour corruption et trafic d’influence, comme ses coprévenus - jugés en sus pour violation du secret profession­nel.

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