Deux Parisiens embauchés sur le marché de la drogue à Toulon
L’un arrive de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), l’autre de Colombes (Hauts-de-Seine). Selon eux, c’est le hasard qui les a réunis dans la résidence Pontcarral à Toulon ce 17 novembre. « On s’est connus à l’hôtel à Marseille… On est deux Parisiens, c’est normal que ça accroche. »
Les deux jeunes hommes – 19 et 20 ans – ont été interpellés par la brigade anticriminalité (Bac). Pas moins de quatre équipages avaient été mis à contribution pour surveiller la vente de stupéfiants dont la copropriété est un épicentre à Toulon.
Rompus à cet exercice, les policiers ont alors repéré le manège habituel : clients, guetteurs, revendeurs et autres petites mains du trafic.
Le duo a été interpellé dans ce contexte (avec un mineur qui fait l’objet d’une procédure à part). « Il y a le banquier qui encaisse l’argent et celui qui passe la drogue », a résumé l’accusation.
« C’est to-ta-le-ment faux, articule l’un des prévenus, sur mes derniers délits j’ai toujours tout avoué .»
Les policiers sont pourtant formels. « J’ai été interpellé dans une file d’attente de clients, jure le prévenu à la peau ébène, les jeunes s’habillent tous pareil, alors pour reconnaître un Noir avec des jumelles, je sais pas comment ils ont fait ! Je suis venu pour acheter. »
Les 1 310 euros retrouvés sur cet allocataire du revenu de solidarité active (RSA) ? « C’est mes économies, je suis là pour des vacances, je n’ai rien à voir ! »
Le parquet veut faire un exemple
Son coprévenu se présente aussi comme un client mais n’avait pas d’argent sur lui. Les policiers ont également saisi dix-huit grammes de cannabis. « Dix-huit grammes, c’est ma consommation, c’est rien dix-huit grammes… »
Bref, les deux Franciliens clament leur innocence. « Il n’y a que la parole des policiers, c’est tout. Il n’y a pas de preuves… »
« Ils sont to-ta-le-ment coupables », estime, à l’inverse, le ministère public. L’accusation voit dans le parcours des prévenus, qui ont traversé la France et bravé les règles du confinement pour atterrir à Toulon, l’émergence d’un nouveau phénomène. « C’est la démonstration que le travail qui est fait contre le fléau de la drogue est en train de porter ses fruits. Les trafiquants toulonnais sont derrière les barreaux, alors on fait appel à une main-d’oeuvre extérieure. Il faut absolument envoyer un signal très précis, nous allons aussi nous occuper des Parisiens. »
Quinze et dix-huit mois de prison ont été infligés aux prévenus – dont l’un n’avait jamais été condamné – qui ont été maintenus en détention. Une peine complémentaire d’interdiction de paraître dans le Var, pendant cinq ans, a également été ordonnée.