« Trente personnes : insultant et inacceptable »
La reprise des messes ce week-end n’a pas suffi au bonheur de Monseigneur Rey, évêque du diocèse de Fréjus-Toulon. Il attend de nouvelles propositions du gouvernement.
À l’issue du discours du Président, vous avez vu le calice à moitié vide en retenant la jauge de trente personnes pour les messes, plutôt que l’annonce de la reprise des cultes dès ce week-end.
La foi est un acte intérieur mais elle revêt aussi une dimension fraternelle, notamment lors de la messe. Autoriser la célébration des messes dès ce week-end est effectivement une très bonne chose pour les croyants. Mais cette bonne nouvelle peut en cacher une moins bonne. Et nous considérons que ce nombre de trente personnes maximum autorisées à assister à la messe est totalement arbitraire. Comment peut-on fixer la même jauge pour une toute petite chapelle et une cathédrale ?
En quoi cette limitation est-elle « insultante et inacceptable » comme vous l’avez écrit dans un tweet dès mardi soir ?
La reprise des offices religieux est purement formelle. L’État donne son accord de principe à la reprise des messes, mais les restrictions sont telles qu’il devient impossible de les célébrer. C’est ça qui est insultant et qui blesse la communauté des croyants. On a d’autant plus de mal à accepter cette jauge de trente personnes qu’il n’en a jamais été question lors de nos discussions avec le ministre de l’Intérieur. On est tombé des nues en entendant le chef de l’État. Vous avez fait remonter votre mécontentement. Pensez-vous que vous aurez été entendus par le Premier ministre ?
J’espère. Surtout qu’on n’est absolument pas contre la mise en place de mesures sanitaires pour éviter les contaminations. Pour les prêtres qui accueillent des personnes, c’est un devoir moral et de justice d’empêcher qu’il y ait des gestes inconsidérés et de la proximité dangereuse. On est prêt à adapter certaines pratiques rituelles qui pourraient être sources de contamination, à multiplier les messes pour mieux répartir les fidèles… Avec la conférence des évêques de France, on a fait remonter ces propositions au gouvernement. Mais la jauge de trente personnes est inacceptable ! Qu’on nous autorise à monter jusqu’à un tiers de la capacité d’accueil des églises.