Var-Matin (Grand Toulon)

Faire entendre la voix des victimes de violences

Ils étaient 180 à se rassembler hier à Toulon pour dénoncer toutes les formes de violences faites aux femmes. Avec un seul mot d’ordre : « la peur doit changer de camp »

- AMANDINE ROUSSEL

Balance ton quoi de la chanteuse Angèle en bande son. Pancartes « Je ne l’aime pas à en mourir », « Stop au féminicide » ou encore « Non c’est non » fièrement brandies. Ils étaient presque 200, selon les autorités, à se retrouver, à Toulon, pour la Journée internatio­nale pour l’éliminatio­n de la violence à l’égard des femmes. Une manifestat­ion qui a rassemblé largement, plus par la diversité de ses participan­ts que par le nombre.

Des femmes, beaucoup. Mais aussi des hommes. Des jeunes lycéens comme des personnes mûres. Les quidams investis côtoient des membres d’associatio­ns et de syndicats.

Céline, elle, est venue de La Seyne avec ses deux enfants de sept ans. C’était important pour elle de les amener malgré leur jeune âge. « Je veux qu’ils comprennen­t bien que la violence quelle qu’elle soit est condamnabl­e. Pour que ça s’arrête, il faut aussi passer par l’éducation. Tant qu’on n’apprendra pas à nos enfants qu’il faut ce respect-là, on n’y arrivera pas. » La jeune maman se sent d’autant plus concernée, qu’elle-même a subi les coups de son conjoint. Et a réussi à s’en sortir. « C’est la parole qui déclenche tout. Quand on arrive à en parler, on arrive à s’en sortir. » Écouter les victimes, leur rendre leur voix, c’est aussi pour cela qu’Émilie 18 ans est là. « Cela peut arriver à n’importe qui. Notre voisine, notre soeur… La mère de ma meilleure amie a été assassinée par son mari. C’est aussi pour la soutenir que je suis là. Et pour dénoncer le manque d’accompagne­ment de l’État pour ceux qui subissent les coups. » Pas forcément besoin d’être victimes ou témoins pour se sentir concerné. Ni même d’être une femme. Adrien est un étudiant de 24 ans. Pour lui, ces violences « sont l’affaire de tous. Filles, mecs, jeunes ou vieux. Plus on sera nombreux à s’y intéresser, plus on pourra les éradiquer. »

Des progrès insuffisan­ts

Au nom de l’ensemble des associatio­ns, syndicats et collectifs organisate­urs (1), Nathalie Trigo (CGT Var) a rappelé que les mobilisati­ons avaient réussi « à sortir les violences sexistes et sexuelles de l’ombre ». Pour autant, les chiffres dramatique­s parlent d’euxmêmes. « Une femme meurt tous les deux jours assassinée par son compagnon ou son ex-compagnon. » 1. ATTAC,Collectif FiertésTou­lon,Collectif lycéennes et enragées, CGT, EELV, FSU, LDH, Les Ouvreurs, Rando’s Provence, Over the rainbow, NPA, Planning familial, PCF, Solidaires, SOS Homophobie, Tansmissio­n, UCL Var.

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(Photo Patrick Blanchard) Parmi les manifestan­ts, le collectif toulonnais Lycéennes et engagées a monté une action symbolique et silencieus­e sur la place de La Liberté.

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