Var-Matin (Grand Toulon)

Trafic de stups, la défense reconstrui­t des digues

Les avocats de la défense ont entamé une critique nourrie de l’enquête menée cité Berthe, à La Seyne. Le procureur a requis de 1 an à 10 ans de détention

- SO. B.

On ne sait pas, au final, ce que les prévenus retiendron­t de ces moments d’audience. Peut-être la plaidoirie de leurs avocats, tentant de reconstrui­re des digues, après le flot des réquisitio­ns.

Hier mercredi, en audience correction­nelle, de un an de prison avec sursis, à 10 ans de détention ont été requis (lire par ailleurs), pour un dossier de trafic de stupéfiant­s localisé dans la cité Berthe à La Seyne. Quinze prévenus se sont succédé à la barre, pendant trois jours d’audience (nos éditions précédente­s). Le jugement est attendu ce jeudi, après les dernières plaidoirie­s de la défense.

« Le socle de l’accusation »

C’est en remontant au commenceme­nt de l’enquête, que les avocats ont gravi la pente. « Ce dossier prend naissance dans un projet de vengeance, c’est le socle de l’accusation ».

Mais, estime Me Christophe Hernandez, les enquêteurs « n’ont pas réussi à établir le projet criminel. Alors on se sert du contexte [des règlements de comptes], pour affirmer que c’est en lien avec le trafic de stupéfiant­s ». L’associatio­n de malfaiteur­s en vue d’un assassinat a été écartée. « Les réquisitoi­res supplétifs jalonnent cette procédure, pour en sauver l’issue », incrimine l’avocat qui défend quatre prévenus, dont trois membres d’une même fratrie.

« Les phrases isolées dans une conversati­on, ce n’est pas une preuve », renchérit Me Thierry Ospital, en défense d’un autre frère, suspecté d’être à la tête de « la colonne », surnom du groupe dans les écoutes téléphoniq­ues. « Je n’ai aucun élément matériel, aucune photo, plaidet-il. C’est terrible, dans un dossier de 10 000 cotes. Si on se contente de globalisat­ion, ce n’est pas possible .»

« Mal acquis, mais peu d’argent »

La peine la plus lourde requise vise un Seynois de 29 ans, considéré par l’accusation comme le bras droit du chef. « L’appartemen­t nourrice où on est censé stocker le trésor d’Ali Baba, il y a au total 150 grammes de drogue, c’est rien du tout ,» soulève Me Luc-Philippe Febbraro. Le défenseur reconnaît

que les armes, « c’est fâcheux, ça donne une coloration ». Un fusil d’assaut, un revolver, des munitions, tout de même. Quant au train de vie, « c’est misérable, pardonnez-moi. Là où il vit. Où il dort. Un T2 sommaireme­nt meublé. Et

23 paires de baskets. C’est de l’argent mal acquis, mais c’est peu d’argent .»

Il le répète, « [l’enquête] n’a pas su mesurer l’épaisseur du trafic ». C’est dans cette épaisseur que se jouent dix années de prison.

 ?? (Photo So. B.) ?? L’enquête judiciaire procède-t-elle par «extrapolat­ion», comme le dénonce la défense?
(Photo So. B.) L’enquête judiciaire procède-t-elle par «extrapolat­ion», comme le dénonce la défense?

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