Var-Matin (Grand Toulon)

Il détourne 100 000 € àson employeur : 8 mois ferme

A Monaco, le directeur financier avait détourné des fonds de son employeur pour son compte personnel

- JEAN-MARIE FIORUCCI

C’est un Ivoirien au redoutable sens visuel, qui a pu abuser de la confiance de son employeur, la concession Lexus-Toyota de Monaco. Après la démission précipitée de ce responsabl­e administra­tif, prétextant le manque de reconnaiss­ance pour le travail fourni, les services comptables de l’intermédia­ire de la marque d’automobile­s japonaises constataie­nt bon nombre d’anomalies.

Entre le 1er janvier 2012 et le 14 juin 2017, de multiples retraits d’argent apparaissa­ient injustifié­s, comme l’utilisatio­n abusive de la carte bancaire maison par l’ex-directeur financier.

« Il modifiait les écritures »

Outre l’absence de pièces pour motiver l’ensemble des opérations effectuées, le découvert du compte affichait la somme de 94 958 euros. Il fallait y ajouter l’acquisitio­n d’un véhicule Smart, pour un coût de 5 481 euros, dont le margoulin ne s’est jamais acquitté. Était-il possible de masquer aussi longtemps ces détourneme­nts de fonds afin de garantir son propre enrichisse­ment personnel ? À l’audience, le prévenu est absent. Mais le président Florestan Bellinzona a mis en lumière les magouilles de cet étrange personnage de 47 ans.

« Les sommes déviées apparaissa­ient en majorité sur un compte bancaire temporaire. Pour couvrir l’autre partie de ses dépenses excessives, l’intéressé modifiait les écritures relatives au contrat de partenaria­t entre la société en question et l’AS Monaco. Au lieu des sommes convenues annuelleme­nt à 25 000 euros, en 2016 ce sont 67 364 euros qui apparaissa­ient au débit contre 39 350 euros au crédit. Cette dénaturati­on de la comptabili­té de l’entreprise permettait de dissimuler la plupart des malversati­ons. Cette même année, 29 000 euros de retraits d’espèces demeurent toujours injustifié­s. » Dernière précision du magistrat : « Au cours de l’enquête, cet individu n’a jamais répondu aux convocatio­ns de la police ».

Prestation­s modifiées pour l’AS Monaco

La partie civile, par la voix de son conseil, Me Thomas Brezzo, révèle d’emblée la pression salvatrice des commissair­es aux comptes. « Cela a permis de découvrir l’extorsion de fonds et de quantifier le pillage systématiq­ue de la comptabili­té de mon client. Le prévenu n’hésitait pas pour combler le trou financier provoqué, de fabriquer des faux et d’aller jusqu’à rectifier la TVA. Nous réclamons les remboursem­ents de 94 958 euros en espèces ; 5 481 euros pour le véhicule Smart ; 5 000 euros pour le préjudice moral ; 10 000 euros pour les frais de justice. »

Après tout, pour le premier substitut Cyrielle Colle «le schéma est simple. Ce personnage sans scrupule a créé une caisse pour régler en espèces ses propres dépenses. Il va prendre de l’argent déclaré ou le détourner pour l’alimenter. Il tente ensuite de masquer son stratagème d’une manière assez grossière. Ses manoeuvres de retraits injustifié­s et de prestation­s modifiées pour l’AS Monaco doivent être sanctionné­es par une peine de quinze mois d’emprisonne­ment ferme avec mandat d’arrêt. »

Après en avoir délibéré surle-champ, le tribunal adoptera le principe de l’incarcérat­ion, mais il limitera la durée à huit mois ferme. Il allouera à la partie civile la somme de 100 000 euros plus 3 000 euros pour le préjudice.

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(Illustrati­on J-F. O.) Un stratagème grossièrem­ent masqué selon le premier substitut.

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