Un Toulonnais jugé pour le vol d’un fromage
« Un morceau de fromage, un an d’emprisonnement .» Sur les bancs de la défense, les réquisitions du ministère public ont jeté un froid. « Je suis avocate, je suis aussi humaine », plaide l’avocate de Ramzy B., poursuivi pour un cambriolage sans effraction. Son client a été interpellé dans la nuit de dimanche à ce lundi alors qu’il s’était introduit au domicile d’un couple de personnes âgées, à proximité de la place de la Liberté à Toulon. Les victimes, en proie à d’importants problèmes de santé, étaient clouées au lit quand elles ont entendu, vers 1 heure, la porte de leur appartement s’ouvrir. La police est arrivée
25 minutes après l’appel à l’aide du vieux monsieur.
Ramzy B.,
27 ans, s’était caché dans la salle de bain.
« J’avais faim »
« J’ai maman qui est très malade, elle a du diabète, elle est cardiaque, je l’entendais gémir, ça m’a rendu malade, explique-t-il. J’ai craqué : je suis parti de chez moi. J’ai dormi à la gare routière, au parc des Lices, j’avais trop froid, j’avais faim .»
L’homme aurait ainsi erré jusqu’à trouver refuge dans un hall d’immeuble. Dans ce bâtiment de la rue Picot, il a poussé la porte du logement où il a été interpellé. « Je n’ai pris que du fromage. Je regrette, je demande pardon. » Le prévenu a mangé un morceau de morbier.
Le voilà renvoyé
devant la chambre des comparutions immédiates pour « vol dans un local d’habitation ». Il comparaît par visioconférence depuis la prison de La Farlède où il a été placé en détention provisoire.
Son passé de délinquant lui est défavorable : vingt trois condamnations dont dix pour des vols. « Vous devez aller crescendo dans la peine », a requis l’accusation.
« L’état de nécessité »
« S’il avait voulu cambrioler, on l’aurait trouvé porteur d’objets », fait valoir en défense Me Ève Chaussade. Les victimes ont confirmé que rien d’autre que le morbier n’avait disparu. « Il faisait 5 °C dehors, il avait faim », répète l’avocate, plaidant « l’état de nécessité ».
Et de faire le portrait d’un homme « marqué par la vie ». Une mère dépendante, « un père assassiné ». Ramzy B. est aussi épileptique, voire schizophrène.
Le tribunal a requalifié les faits reprochés en « violation de domicile » et a condamné le prévenu, qui a pu quitter la prison, à une peine aménageable de six mois de prison.