Var-Matin (Grand Toulon)

Julia Piaton « J’adore les univers décalés »

- PROPOS RECUEILLIS PAR JIMMY BOURSICOT jboursicot@nicematin.fr

‘‘ Je me répétais que je n’avais rien à faire là”

L’année 2020 aura été particuliè­rement prolifique pour la jeune comédienne. Entre les combines fumeuses de la « beucherie » de Family Business, un registre plus dramatique chez Emmanuel Mouret et deux autres comédies au cinéma, elle ne cesse de prouver qu’elle est bien plus qu’une « fille de ».

Essayez de taper son nom dans Google et le moteur de recherche vous renverra une foule d’articles un peu tous titrés de la même manière. En général, ça dit : « Qui est Julia Piaton, la fille de Charlotte de Turckheim ? »

Logique dans un pays où les couverture­s des magazines se délectent des sagas familiales, plus ou moins reluisante­s. Julia Piaton, 35 ans, n’a pas honte d’être la fille de sa mère, bien au contraire. Pourtant, ce statut lui a occasionné quelques noeuds au cerveau. Puis petit à petit, le complexe s’est envolé. Le « dieu » Google s’est mis à indexer d’autres résultats, pointant vers les nombreux rôles campés par la comédienne à la voix élégamment éraillée.

En 2014, Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?, gros carton au box-office (6,7 millions d’entrées) lui a servi d’accélérate­ur, tout comme sa suite, sortie en 2019. Côté télé, on l’a retrouvée dans deux séries M6, Glacé et Le Grand Bazar. Puis sa trajectoir­e a pris une direction encore plus savoureuse avec Family Business, l’histoire d’une famille foutraque convaincu de la pertinence de transforme­r une boucherie casher en point de vente d’herbe qui fait rire. Au milieu du casting XXL formé pour cette création Netflix (Gérard Darmon, Jonathan Cohen, Liliane Rovère, etc.), elle a su tirer son épingle du jeu.

Même chose dans Le Discours et C’est la vie (en partie tourné du côté de Nice et de son arrièrepay­s), deux longs-métrages que le public pourra peut-être découvrir dès les 23 et 30 décembre prochains dans les salles obscures.

Vous avez débuté en , mais vous vous considérez véritablem­ent actrice depuis peu ?

Oui ; J’ai mis longtemps avant de le dire. Faire ce métier, c’est incroyable. C’est comme si ce n’était pas réel. Il faut du temps pour apprendre, pour ne pas forcer les choses, tout en gardant la foi. Je crois aussi que je m’interdisai­s de me dire que j’y étais arrivée, parce que je craignais que le choc soit rude si tout s’arrêtait. Évidemment, le fait que ma mère soit dans le métier compte aussi. Ça me posait un problème.

Qu’entendez-vous par là ?

Je me répétais que je n’avais rien à faire là. Mais bon, tout n’a pas été négatif, je crois que ça m’a poussée à me bouger encore plus. Et en fait, les gens ont toujours été très cool avec ça. Sauf que moi, avant, j’étais dans ma petite parano.

Vous êtes très sollicitée en ce moment. Comment se passent les tournages en version Covid ? Déjà, c’est une immense bouffée d’oxygène de pouvoir continuer à travailler. On prend tout le temps notre températur­e, on s’isole, on ne mange pas forcément ensemble. Après, dans un film, on se touche, on se prend dans les bras, on se marre en étant proches les uns des autres... En réalité, on est souvent dans une zone un peu grise. Mais en autorisant les tournages, le gouverneme­nt savait ce que ça impliquait.

Le troisième volet de Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? est en production. Êtes-vous sur le pont ? Non, pas pour le moment. Ils ont pris un peu d’avance parce que la situation devient explosive pour tout le monde au niveau des plannings. Il faut rattraper le temps perdu. Tout tombe à peu près à la même période pour moi. Si on redémarre pour de bon en mars prochain, ce sera chahuté !

Avant cela, il devrait y avoir la sortie de C’est la vie, de Julien Rambaldi. Vous nous faites le pitch ?

C’est l’histoire de quatre femmes qui vont accoucher. La vie va arriver, c’est beau et ça fait peur à la fois. Et surtout, ça hystérise un peu tout le monde. C’est intéressan­t parce qu’on raconte rarement ce moment au cinéma, dans les comédies.

Quel personnage incarnez-vous ? Je suis un peu dommage collatéral de l’histoire, je joue une fille qui ne va pas très bien, un peu sèche, pas très épanouie. Elle doit aller à Paris parce que son père est mort et parce que sa belle-soeur va avoir un bébé. Elle est dans un moment hyper bizarre. En chemin, elle va rencontrer le personnage joué par David Marsais. Il incarne le mec hyperactif, prêt à tout.

On est dans la fantaisie, avec un ton un peu à l’anglaise. J’adore les univers décalés.

Vous avez dû adorer jouer dans Le Discours, l’adaptation du roman du fantasque Fabcaro… Je connaissai­s le travail de Fabcaro par le biais de mon père et d’un pote à moi. Il m’arrivait de lire des bulles qu’on m’envoyait en capture d’écran aussi, je prenais des fous rires. Je trouve ce pas de côté absolument génial. Cette folie, elle ressemble un peu à ce qu’on vit en ce moment, ceci dit.

En étant souvent à l’affiche de comédies, avez-vous craint de vous retrouver coincée dans ce registre ?

Non, ce n’était pas vraiment une crainte. Je suis heureuse de faire des comédies. Ce qui est plus difficile, en revanche, c’est de faire savoir à des gens qui proposent un autre genre de cinéma que vous êtes aussi intéressée par leur travail. Mais à travers des échanges, des auditions, ça s’est fait naturellem­ent.

Récemment, vous étiez d’ailleurs dans Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait ,un drame sentimenta­l d’Emmanuel Mouret...

Il crée un cinéma génial. C’est magnifique, hyper émouvant. Je trouve que son film est une réussite. J’aime quand quelqu’un ose assumer un univers spécial.

‘‘ Dans Family Business, j’ai des partenaire­s de rêve”

Comme Igor Gotesman, le créateur de Family Business ? Oui, c’est pareil. Igor assume un univers hyper fort. Il ose faire jouer des trucs incroyable­s à ses comédiens. Comme avec ma grand-mère dans la série, Liliane Rovère. Elle, c’est l’une des personnes les plus merveilleu­ses de la Terre ! J’aime beaucoup mon personnage. Aure Hazan veut essayer de gérer la baraque, mais tout le monde est un petit peu barré dans cette famille, toutes leurs décisions sont farfelues. Cet aller-retour entre une forme de réalisme et ce côté délirant est incroyable. Et puis là, j’ai des partenaire­s de rêve. T’appuies sur le bouton et ils démarrent. En janvier, on commencera le tournage de la saison , en Corse.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France