Var-Matin (Grand Toulon)

Le retour des cigales

- Reporter edito@nicematin.fr THIERRY PRUDHON

J’ai hâte de voir à quoi ressembler­ont les programmes présidenti­els pour . Certains, à l’extrême gauche ou à l’extrême droite, seront sans grande surprise.

Un Benoît Hamon, par exemple, pourrait rebrandir, en passant beaucoup moins pour un rigolo cette fois, son concept de revenu universel. La crise est passée par là. À gauche, d’aucuns en déduisent même qu’on pourrait multiplier la dette à l’infini, tel un puits sans fond refilé de génération en génération, sans jamais nuire à quiconque. Ce n’est le credo ni d’Emmanuel Macron ni des Républicai­ns, qui vont se trouver confrontés au même dilemme : assumer un ADN politique à contre-courant du moment ou se renier, au moins partiellem­ent. En , si l’affaire Fillon n’avait fait valser l’élection cul par-dessus tête, la France semblait promise à une cure d’austérité budgétaire. Le désendette­ment était l’alpha et l’oméga dont Emmanuel Macron, de manière un poil plus discrète, était lui aussi un tenant. En , face à des soignants en colère, il l’assumait encore : «Iln’yapas d’argent magique. » Cela n’empêche pas l’argent tombé du ciel de pleuvoir à seaux depuis six mois. La Covid a rebattu les cartes et redonné du peps aux adeptes des politiques de relance. Certains vont jusqu’à raviver le vieux rêve de Keynes qui, en , envisageai­t que le progrès permettrai­t à l’homme de ne plus travailler que trois heures par jour en . On n’en est pas là ! Mais l’aspiration à un retour de l’État-providence – qui n’interdit pas de vitupérer contre les pesanteurs de la bureaucrat­ie – est vivace. Face à cela, Les Républicai­ns tentent de concilier un virage vers le souveraini­sme social avec la conviction que l’argent ne pourra longtemps se déverser en pluie fine. Et qu’il faudra donc, notamment, allonger la durée de cotisation et repousser l’âge légal de départ en retraite. Ce discours a le mérite de la cohérence. Il pourrait toutefois rebuter des Français légèrement sur les nerfs. Les crises mondiales à répétition ont, en effet, changé la donne. Le climat idéologiqu­e s’est infléchi et le libéralism­e porte moins beau. Pour le chroniqueu­r économique François Lenglet, le cycle qui vient devrait mettre un frein aux excès capitalist­es. Des patrons ont déjà commencé à baisser leurs revenus. À vrai dire, un plafonneme­nt des salaires – ou une imposition encore plus forte – ne ferait pas de mal, quand des footballeu­rs gagnent en un mois ce qu’un smicard mettrait deux vies à engranger. La main de Dieu, comme dirait Diego, a parfois bon dos !

« Le climat idéologiqu­e s’est infléchi et le libéralism­e porte moins beau. »

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