Un avion disparu depuis ans retrouvé par hasard
L’Ifremer a découvert une épave reposant à plus de 2 400 m de profondeur au large de Porquerolles. Un avion de la Marine nationale disparu en 1960 avec Jean Legouhy à son bord
Vendredi dernier, alors qu’il réalisait des travaux océanographiques au sud de Porquerolles, l’équipage du Pourquoi pas ? a fait une découverte surprenante. À travers l’oeil du Victor 6000, un petit sousmarin de l’Ifremer pilotable
(1) à distance, est apparue très distinctement l’épave d’un avion, par plus de 2 400 m de fond.
Les inscriptions figurant à l’arrière de l’aéronef ont très vite permis de percer le mystère : il s’agit d’un Aquilon de la Flottille 11F de la Marine nationale, qui s’était abîmé en mer le 13 juin 1960. Son pilote, Jean Legouhy, avait disparu avec lui.
L’un des meilleurs de sa génération
Le jeune homme de 27 ans effectuait ce jour-là sa dernière phase de qualification à l’appontage, sur un porteavions britannique. Selon les témoignages de ses camarades présents sur le bâtiment, après le catapultage, l’avion à réaction a semblé peiner à prendre de l’altitude. Son pilote aurait alors entrepris un virage serré à gauche avant de percuter les flots, puis de couler immédiatement.
À cette époque, les moyens pour effectuer des recherches à de telles profondeurs n’existaient pas. Ce tragique accident avait suscité l’émoi dans la grande famille de l’aéronautique navale. D’autant
plus que le Maître Jean Leghuy était considéré comme l’un des meilleurs pilotes de sa génération. La nouvelle de cette découverte a ravivé son souvenir, alimentant les discussions et les hommages, notamment parmi les anciens de l’aéronavale, dont certains sont toujours réunis en amicale. Et puis, l’amiral Eric Janicot a tenu en personne à informer les proches de Jean Legouhy. L’annonce a provoqué chez eux une « immense émotion », selon un témoin des échanges téléphoniques. Jean Legouhy laissait en 1960 une épouse de 24 ans, deux filles et un fils, aujourd’hui décédé.
Un hommage prévu
La Marine nationale envisage d’organiser prochainement un dépôt de gerbe en mer en mémoire du pilote avec, peut-être, un passage de Rafale au-dessus du lieu de l’accident. Pour rendre hommage, aussi, à sa famille qui s’est construite et a vécu tant d’années avec, seulement, son souvenir. Coïncidence symbolique : cette découverte intervient un siècle après le premier appontage – c’était le 20 octobre 1920 exactement - réalisé en rade de Toulon sur le porte-avions Le Béarn , par Paul Teste… à 27 ans. 1. Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer