Var-Matin (Grand Toulon)

Le potier Serge Moiselet ferme boutique

L’heure de la retraite a sonné pour Serge Moiselet, le potier passé maître du tournage à la corde pour produire de grandes pièces de céramique. Son atelier fermera à la fin décembre

- S. M.

La fermeture définitive à la fin décembre du Photophore, atelier de poterie et espace de vente, sonne la fin d’une institutio­n au Pousset, porte d’entrée de la presqu’île. « Nous recevons beaucoup de messages de sympathie de nos clients, c’est touchant », mesure le maître des lieux. Quarante-deux ans après avoir embrassé la poterie, c’est avec un pincement au coeur que Serge Moiselet (66 ans) fait valoir ses droits à la retraite. Renée, sa maman qui a longtemps tenu la caisse, est elle aussi chamboulée. C’est une entreprise familiale qui tire sa révérence. « Pendant longtemps, notre fils Renaud a travaillé avec nous, mais il ne se sentait pas de reprendre l’affaire. Pas de regret, il est informatic­ien à Grenoble. » Avec Chantal, son épouse, qui sculpte et émaille ses pièces de poterie, Serge a décidé de vivre sa retraite à Sillans-la-Cascade. Leur maison de campagne dans le haut pays sera aussi le point de départ de grandes vadrouille­s en camping-car. « On va fabriquer un petit atelier pour continuer à se faire plaisir. Et puis on ne sera pas loin de Moustiers où je passerai beaucoup de temps au début pour transmettr­e la technique du tournage à la corde. Je suis très content de remettre mon savoir-faire à Laetitia et Eric Figuière que je connais depuis trente ans. »

Pièces monumental­es

Serge Moiselet est l’un des rares potiers à être passé maître dans l’art du tournage à la corde. Une technique ancienne que Serge a découverte

(1) chez Augé-Laribé à Biot, du temps où il secondait son oncle dans un petit atelier de Valauris. Avant cela, il était tourneur sur métaux en région parisienne. « Un voisin à Vallauris m’a appris à tourner. Après six mois, j’arrivais à sortir de belles pièces », se souvient-il. Le tournage à la corde utilise des gabarits en bois sur mesure pour produire de grandes jarres en terre cuite. Artisan potier depuis 1978, Serge Moiselet a transféré son atelier à Hyères en 1994.

Sur son tour à la corde qu’il a fabriqué lui-même (et qui tournera désormais à Moustiers), il a réalisé de nombreuses pièces, à l’image des totems qui encadrent l’entrée du Photophore. Ces oeuvres comme le nom de l’enseigne seront conservés par le repreneur, mais on ne sait pas si le Photophore restera un espace de vente et d’exposition. « Ça nous fera une surprise de voir ce que devient le Photophore quand on viendra se balader », confie Chantal. « Toutes les années vécues ici ont passé trop vite », soupire Serge au moment de tourner la page. Ces derniers temps, il était comblé de remplir les commandes d’architecte­s et de décorateur­s pour de grandes pièces très sobres de poterie de jardin. Il remercie la ville d’Hyères qui a fait appel à lui pour les jarres visibles à la Capte, sur la place Clemenceau ou dans les ruelles du Parcours des arts. Avec Mickaël Obrenovitc­h, Serge Moiselet est aussi l’auteur des oranges en céramique qui, à la Banque, musée des cultures et du paysage, rappellero­nt la tradition hyéroise de production d’agrumes. Bonne retraite, Serge.

1. Des pièces tournées à la corde sont exposées dans un musée antique à Reggio de Calabre (sud de l’Italie), par exemple.

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(Photos Sophie Louvet) Serge Moiselet, son épouse Chantal et sa maman Renée, ont un pincement au coeur au moment de refermer le livre du Photophore.
 ??  ?? Il reste quelques pièces à saisir, comme de la vaisselle et des pièces de décoration en terre cuite émaillée, avant la fermeture définitive, fin décembre.
Il reste quelques pièces à saisir, comme de la vaisselle et des pièces de décoration en terre cuite émaillée, avant la fermeture définitive, fin décembre.
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