Carcès : « Il n’y a personne, ni clients, ni vendeurs »
Ce samedi a beau être jour de marché, la rue du Maréchal-Joffre, à Carcès, semble bien vide. Le ciel menaçant n’invite certes pas à la flânerie, mais cela n’explique pas l’absence des chalands.
Les quelques forains, pour la plupart des habitués, constatent que de nombreux emplacements sont vides. « Ils n’ont pas voulu déballer. La pluie, mais aussi le manque d’envie… On est au bout du rouleau », assure Mélanie (1).
« Je suis dégoûtée »
Habituellement, son stand de vêtements occupe une quarantaine de mètres. « Là, y’a personne. J’ai juste sorti un parasol au lieu de dix ou douze. Franchement, j’avais pas envie. Ouverts, fermés… On se fout de nous. Je suis à découvert à la banque et les aides promises n’arrivent pas… Je suis dégoûtée. Tout ça est en train de nous tuer. »
Un peu plus haut, Julia et Mathias ont déployé leur étal de couleurs. On trouve les fleurs Likari depuis trente ans sur le marché carçois. « Mais les clients ne sont pas là, constate Mathias. Ceux qui passent sont étonnés de nous revoir : ils ne savaient pas qu’on revenait. Ils sont comme nous : personne n’arrive à suivre les changements de règles. »
Mireille est fidèle au poste derrière le comptoir de la mercerie qu’elle tient depuis 57 ans. « Ça faisait trois mois que je n’avais pas ouvert. Je suis restée à la maison. Là, il n’y a personne… Ça me met un coup au moral. Déjà qu’on ne pourra pas passer les fêtes en famille, ni même voir les petits-enfants… »
« Tous dans les grandes surfaces »
« Ça n’a jamais été comme ça », assure Patricia. La Nansaise a déballé ses articles de déco, ses bijoux et accessoires. Les attrape-rêves multicolores virevoltent au vent, manifestement en mal de proies.
« Ça fait dix ans que je viens. Même sous la neige il y a plus de monde… Je vais vous dire où ils sont tous : dans les grandes surfaces… Tout le monde dit qu’il faut faire travailler le commerce local, mais quand on est là, ils ne viennent pas. » Circonstance aggravante, « le bar fermé… Les gens qui viennent au marché, ils passent un moment, ils se posent pour un café. Là, ils viennent juste pour le tabac. Sans la terrasse, c’est mort. »