Var-Matin (Grand Toulon)

« C'est plus facile d’en parler aujourd’hui… »

Élise, séropositi­ve depuis 1994

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« Cela fait  ans que je vis avec la maladie. Témoigner, comme le Docteur Lafeuillad­e me l’a proposé déjà deux fois, ça peut être une aide pour d’autres séropositi­fs » explique Élise. Parce qu’elle l’affirme avec certitude : « Même si aujourd’hui il y a des traitement­s, même si on soigne bien les gens, on ne vit pas bien avec le VIH. Ce n’est pas vrai. C’est une légende ! »

Certains patients peuvent en effet se « contenter », comme elle le dit, d’une trithérapi­e avec un seul comprimé par jour. Mais ce n’est pas le cas de tous.

« Moi j’ai un tas de comprimés à prendre au fil de la journée, le matin, le midi, le soir,

détaille Élise. À cause des autres maladies qui se sont ajoutées. »

Élise a en effet multiplié les complicati­ons : une hépatite B s’est ajoutée au VIH, déclenchan­t une cirrhose. Elle souffre aussi d’un diabète non insulino dépendant et elle a fait plusieurs infarctus… Elle souffre aussi de lipodystro­phie : un déplacemen­t irréversib­le des graisses du corps, effet secondaire de son traitement, qui marque fortement son physique.

« La première fois que j’ai pris la trithérapi­e – à l’époque il y avait plein de cachets – je me suis mise à vomir, je n’arrêtais plus, se souvient cette Varoise.

Quand vous avalez ça pendant  ans, ça laisse des traces. Bien sûr il y a un mieux avec les traitement­s. Mais on ne guérit pas. On est juste en sursis. »

Il n’y a pas que les traitement­s : « Cette maladie, c’est plein de contrainte­s. J’ai renoncé aux voyages. Trop compliqué, trop fatigant. De toute façon il y a encore des pays comme la Russie où les séropositi­fs n’ont pas le droit d’entrer ! »

Élise évoque aussi

« le regard des autres ». « C’est plus facile de parler de sa séropositi­vité aujourd’hui, confie-telle. Mais pas avec tout le monde ! On le sent tout de suite dans le regard… Et moi je peux difficilem­ent le cacher : j’ai vraiment le physique de la séropo, avec les joues creusées, le petit bidon… Mais c’est quand même mieux qu’avant. Même avec ma famille ça a été compliqué. Avant c’était tabou ! »

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