« Il m’a dit : ‘‘Sors-toi de là’’. Il m’a sauvé la vie »
Tout allait bien, avant le drame… Le 1er décembre 2019, Souad et Henri gardaient leurs brebis sur les hauteurs de la forêt royale. La pluie, incessante et violente, inquiétait l’éleveur.
« À 16 h, il est allé voir si l’eau montait au niveau du gué et il est revenu, raconte Souad. On a descendu le troupeau pour le parquer à l’abri car le lendemain, on avait une prophylaxie (processus ayant pour but de prévenir l’apparition, la propagation ou l’aggravation d’une maladie, Ndlr) à faire et on devait rentrer. »
« Pas la force »
Sur le retour, elle roule devant. « Au niveau du gué, poursuit-elle, j’ai mis les quatre roues motrices et j’ai commencé à avancer, mais j’ai tout de suite fait marche arrière. J’ai vu Henri me doubler, en accélérant. Il disait toujours qu’il ne fallait pas passer le gué lentement pour ne pas donner prise à l’eau. Mais quand il est arrivé au milieu, son 4 x 4 a basculé, comme au ralenti, et s’est retrouvé un peu plus loin aux trois quarts immergé, bloqué par une butte. Henri criait ‘‘les chiens, les chiens’’. J’ai cassé la vitre passager, il ne lui restait plus que la tête hors de l’eau, son visage était bleu.
J’avais de l’eau jusqu’à la taille, j’ai tenté de le sortir, je n’en avais pas la force. À trois ou quatre, on aurait peut-être pu… Et il m’a dit ‘‘sors-toi de là’’. Il savait que je ne pourrais rien faire. En disant ça, il m’a sauvé la vie. » L’éleveuse est remontée en haut de la piste pour tenter de trouver du réseau afin de prévenir les secours. Lorsqu’elle est revenue, le véhicule d’Henri Firn avait disparu sous les flots.